QUÉBEC – Le gouvernement rejette les accusations de racisme systémique dans ses nominations, mais reconnaît qu’il y a un problème.
Le premier ministre Philippe Couillard estime en effet qu’«il y a beaucoup de progrès à faire au Québec».
C’est Québec solidaire qui a accusé lundi le bureau du premier ministre de racisme systémique dans ses nominations. Selon le parti de gauche, les personnes issues de minorités constituent seulement 2 pour cent des 400 à 500 nominations par année effectuées par le Conseil exécutif.
Dans un point de presse mardi en ce jour de rentrée parlementaire, M. Couillard a réfuté les accusations sans répliquer avec d’autres chiffres concernant les nominations du cabinet, mais en évoquant les données plus larges de la fonction publique.
«Je ne dirais pas que c’est le cas (le racisme systémique), a répondu M. Couillard. Cependant, il est clair que si on regarde les chiffres, notamment les chiffres d’accès à la fonction publique des communautés culturelles, ou de ce qu’on appelle les minorités visibles — qui n’est pas un terme que j’aime beaucoup — il y a beaucoup de progrès à faire au Québec.»
Du même souffle, il a toutefois ajouté que du progrès a été fait. Il a cité en exemple le cas de Tamara Thermitus, qui allait être nommée cet après-midi-là par l’Assemblée nationale présidente de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.
La ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, Kathleen Weil, a également réagi à l’accusation de QS. Selon elle, il ne s’agit pas de racisme systémique, mais elle a admis qu’il y avait un problème.
«De dire systémique? Non, la définition ne concorde pas», a-t-elle déclaré en point de presse avant de se rendre à la séance du caucus libéral.
«On a reconnu qu’il y avait une sous-représentation, a-t-elle néanmoins poursuivi. Mais pour avoir la bonne solution, il faut avoir le bon diagnostic.»
Elle a à ce propos laissé entendre qu’elle annoncerait bientôt la mise sur pied d’un forum pour débattre de racisme systémique au Québec. Elle fait ainsi écho à la demande de Québec solidaire qui souhaite une commission parlementaire pour débattre de cet enjeu.
À la période de questions, le chef de l’opposition officielle, Jean-François Lisée, est revenu à la charge. Il a affirmé qu’il y a actuellement cinq pour cent de «représentants de la diversité» parmi les salariés de l’État, alors que la cible devrait être 11 pour cent, conformément à leur proportion dans la société.
«À la SAQ, il y en a 38 sur 6000, neuf fois moins que la cible; à Hydro-Québec, 312 sur 20 000, trois fois moins que la cible. Est-ce que le premier ministre convient qu’on n’est pas sur une trajectoire gagnante et qu’il faut modifier nos mécanismes pour arriver à la cible le plus tôt possible?»
Dans sa réponse, le premier ministre a reconnu qu’il y a des «obstacles systémiques» sur cette question. Il a évoqué les «délibérations d’un gouvernement sur des nominations» et les «différentes situations», selon qu’il s’agit d’organismes assujettis à la Loi sur la gouvernance ou des organismes pour des nominations à temps partiel.
M. Couillard a également fait mention d’autres personnes victimes de sous-représentation dans la fonction publique, outre les musulmans, par exemple les autochtones et les anglophones.
Mais, toutes catégories confondues, il a fait valoir qu’il y a eu des progrès dans les sociétés liées à la gouvernance. En décembre 2013, les personnes issues de la diversité culturelle constituaient 7,3 pour cent des effectifs, alors qu’elles seraient maintenant à 12,4 pour cent, a-t-il précisé, en ajoutant qu’«il faut aller encore plus loin».