Place des femmes dans la construction: les mentalités évoluent, dit l’ACQ

MONTRÉAL – Les mentalités changent pour laisser les femmes prendre leur place dans les chantiers de construction du Québec. On voit même des hommes, maintenant, dénoncer le traitement dont elles sont parfois victimes au chantier.

C’est ce qu’a rapporté la présidente de l’Association de la construction du Québec, Manon Bertrand, au cours d’une entrevue avec La Presse canadienne, mercredi.

L’ACQ, qui représente 17 000 entrepreneurs des secteurs industriel, commercial et institutionnel, tient justement mercredi son deuxième colloque «Construire se conjugue au féminin», à Montréal.

«On voit qu’on avance. Avec les mesures facilitantes qui ont été mises en place (notamment par la Commission de la construction du Québec), on voit qu’il y a de plus en plus de femmes», a relaté Mme Bertrand, elle-même entrepreneure en construction.

«Les femmes, souvent, elles ne restent pas sur les chantiers à cause du harcèlement, de la discrimination, de l’isolement. Les femmes, avant, quand elles vivaient ces choses-là, elles avaient tendance malheureusement à tout simplement sortir de l’industrie, à quitter le chantier et à ne pas faire de plainte. Mais là, on remarque que de plus en plus, les femmes dénoncent, et pas juste les femmes, mais les hommes aussi dénoncent», a-t-elle relevé.

En 2015, l’industrie québécoise s’était donné comme objectif d’atteindre «au moins trois pour cent» de femmes dans la construction d’ici 2018. Lors du lancement de l’initiative, l’industrie comptait 2223 femmes, soit 1,38 pour cent de l’ensemble de la main-d’oeuvre. Le Québec affiche à ce chapitre un retard sur les autres provinces canadiennes.

C’est dans le cadre de cet objectif que l’ACQ a organisé son colloque, pour donner des stratégies ou des trucs aux entrepreneurs pour faciliter l’intégration des femmes au chantier et leur permettre d’échanger sur ce qu’ils ont vécu.

«Comme c’est un milieu très, très masculin, on ne se le cachera pas: c’était plutôt des ‘jokes plates’ du genre ‘allez faire la vaisselle, peux-tu passer le balai, tu es bonne pour nettoyer’», a rapporté Mme Bertrand.

L’Association de la construction a produit deux vidéos d’information et de sensibilisation qui traitent de respect et d’égalité, de même que de mesures de conciliation travail-famille.

«On voudrait que les entrepreneurs puissent modifier les horaires de travail pour que les femmes, et pas juste les femmes, les hommes aussi, puissent aller chercher les enfants à la garderie, par exemple. Le fait d’intégrer des femmes sur le chantier, c’est aussi bon pour les hommes, parce que ça permet aussi de comprendre mieux (l’importance de) la conciliation travail-famille, parce que les hommes aussi sont pris avec cette réalité-là de la vie quotidienne», a rappelé Mme Bertrand.