MONTRÉAL — Plus de 11 000 éducatrices en CPE syndiquées à la CSN ont observé lundi une journée de grève un peu partout au Québec pour obtenir de meilleures conditions de travail.
Cela signifie que plus de 21 000 enfants n’ont pu se rendre lundi dans leur Centre de la petite enfance (CPE), forçant leurs parents à se trouver un Plan B pour la journée. Quelque 400 CPE ont été touchés au Québec.
À Montréal, environ 2000 éducatrices, accompagnées de parents, ont marché du centre-ville jusqu’au bureau du ministre de la Famille, Luc Fortin.
Le grand nombre de travailleuses ayant pris part à la marche «démontre clairement notre exaspération et notre détermination», a lancé à la foule Carole Leroux, présidente du Syndicat des travailleuses des centres de la petite enfance de Montréal et Laval au terme de la marche.
«On refuse le nivellement vers le bas et la médiocrité que tente d’imposer la partie patronale dans cette ronde de négociation», a-t-elle ajouté.
Deux points principaux achoppent: le régime de retraite — à la fois l’âge de la retraite, que le gouvernement veut hausser de 60 à 61 ans, et les contributions supplémentaires des employés au régime — et la question des salaires, a expliqué Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).
«Si on accepte à l’heure actuelle ce qui est sur la table, la paie des travailleuses en 2020 sera moins qu’en 2015», a-t-il dit.
Constance Beaulieu, éducatrice au CPE Joyeux Carrousel à Ville-Émard, a manifesté devant le bureau montréalais du ministre lundi.
«On travaille tellement fort avec les enfants et pour les enfants aussi, il n’y a aucune raison pour qu’on ne respecte pas notre travail», a-t-elle lancé.
Elle ne veut pas que le nombre d’enfants par groupe soit augmenté — on est à pleine capacité déjà, dit-elle — et souhaite que les salaires soient à parité avec les membres qui font le même travail qu’elle au sein de la fonction publique.
Leonardo Munoz, lui, est père de deux enfants qui sont en CPE. Il se dit très satisfait de la qualité des services, mais ne veut pas qu’elle diminue.
«Je suis en accord avec leurs demandes, a-t-il dit peu après la marche. Deux ans sans négociation collective, ça frôle le manque de respect envers leur travail.»
Les syndiquées ont manifesté lundi dans différentes villes, notamment devant le bureau de circonscription du ministre Fortin, à Sherbrooke.
Ce dernier a indiqué avoir rencontré lundi des représentants syndicaux de la Fédération de la santé et des services sociaux.
Par communiqué, il assure avoir réitéré la disponibilité du ministère de la Famille pour poursuivre les négociations de manière intensive dès cette semaine.
Il a également confié au négociateur du gouvernement le mandat de rassembler toutes les parties autour de la table de négociation le plus rapidement possible.
«Je déplore que les enfants et leurs parents soient les premiers touchés par la grève d’aujourd’hui. Plusieurs séances de négociation ont déjà eu lieu et ont permis de régler la grande majorité des clauses. Les parents s’attendent à ce que les parties conviennent d’une entente satisfaisante au bénéfice des familles québécoises», a-t-il fait savoir.
Dans son communiqué, le ministère de la Famille précise qu’il n’est pas l’employeur de ces travailleuses en CPE. Il s’agit plutôt des CPE qui sont les employeurs de leur personnel. Le ministère agit à titre de coordonnateur et de porte-parole pour les négociations nationales à titre de bailleur de fonds et à la demande des regroupements d’employeurs, souligne-t-il.
Des politiciens ont accompagné les travailleuses à Montréal pendant leur marche.
Carole Poirier, la députée péquiste d’Hochelaga-Maisonneuve, était là pour demander au gouvernement de négocier de bonne foi.
«On a toujours de l’argent pour les médecins. Aujourd’hui, il faut en avoir pour nos enfants», a-t-elle notamment dit.
Ces femmes ne sont pas ici pour s’enrichir, a lancé de son côté Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de Québec solidaire.
«Les femmes qui sont en grève, ce sont celles qui s’occupent de nos enfants, qui s’occupent de l’avenir du Québec», a-t-il dit, souhaitant que le gouvernement libéral les écoute.
Les négociations sont interrompues depuis jeudi dernier et n’ont pas repris depuis.
Les éducatrices sont sans contrat de travail depuis deux ans et demi. Elles ont voté à 94 pour cent pour tenir six jours de grève, le premier ayant eu lieu lundi.