SASKATOON — Le site d’un ancien pensionnat de la Saskatchewan pourrait contenir près d’une centaine de tombes d’enfants.
Plus tôt ce mois-ci, un géoradar a localisé 93 zones d’intérêt sur le site du pensionnat pour Autochtones de Beauval. Plus tôt ce mois-ci, 83 zones d’intérêt ont été localisées sur le site et les 10 autres ont été confirmées par le placement de drapeaux archéologiques dans le secteur.
La cheffe de la Première Nation d’English River, Jenny Wolverine, croit que 79 de ces zones d’intérêt pourraient avoir la taille d’éventuelles tombes d’enfants et 14 pourraient avoir la taille de celles de nourrissons.
«Cela me brise le cœur de voir qu’il y en a probablement plus, ou même qu’il y en a seulement un, a reconnu Mme Wolverine mardi à Saskatoon. L’expérience des pensionnats est horrible.»
Mme Wolverine a affirmé que la communauté était attristée par la découverte d’autres tombes potentielles et qu’il était clair que leur travail n’était pas encore terminé.
Mme Wolverine a confié que personne ne savait à quoi s’attendre quand la Première Nation a commencé à fouiller le site autour du cimetière du pensionnat, il y a deux ans. Le cimetière était principalement utilisé par l’école jusque dans les années 1980.
«Nous connaissions les histoires partagées au fil des générations sur le traitement réservé aux pensionnaires et à ceux qui ne sont jamais rentrés chez eux», a-t-elle témoigné.
Le pensionnat situé près du lac La Plonge, un lac glaciaire du nord de la Saskatchewan, a été géré par l’Église catholique romaine de 1906 à 1969, après quoi il est passé sous contrôle fédéral. Seize communautés différentes ont dû envoyer leurs enfants dans cette institution.
Dix-neuf garçons et un enseignant sont morts en 1927 dans l’incendie de l’école et de son couvent.
Le conseil tribal de Meadow Lake a pris le contrôle total de l’école en 1985 et la résidence a été fermée 10 ans plus tard.
Le Centre national pour la vérité et la réconciliation a enregistré 52 décès d’enfants dans cette école.
Des survivants ont révélé à la Commission de vérité et réconciliation, qui s’est penchée sur l’héritage des pensionnats au Canada, y avoir vécu des abus physiques et sexuels, de l’humiliation et des restrictions imposées à leur langue.
Au moins deux anciens membres du personnel, un superviseur et un directeur, ont été reconnus coupables d’abus sexuels sur des enfants.
Des traumatismes qui perdurent
Rencontrée par La Presse Canadienne, Dawn McIntyre, la coordinatrice des radars à pénétration de sol pour les recherches, a raconté que son père et sa grand-mère avaient tous deux fréquenté cette école et qu’ils ont tous deux ramené chez eux un traumatisme.
Au cours de ce processus, Mme McIntyre a soutenu qu’elle était devenue extrêmement consciente de la façon dont l’école avait façonné sa propre vie.
«Ces impacts continuent de nous affecter aujourd’hui», a-t-elle confié.
Les aînés et les survivants de la Première Nation ont écrit une déclaration, lue par Mme McIntyre, dans laquelle ils se disaient choqués, irrités et attristés par la découverte des tombes potentielles.
Les survivants ont appelé le gouvernement fédéral à fournir un soutien continu aux recherches et à répondre aux appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation. Ils ont également appelé les églises à respecter les droits des Autochtones et à rendre disponibles tous les documents sur les écoles.
La Première Nation a rappelé que le Centre national pour la vérité et la réconciliation possède une grande quantité de documents sur l’école, y compris des documents manuscrits en français qui sont en cours de traduction. L’analyse des dossiers devrait prendre jusqu’à trois ans.
Mme McIntyre a déclaré que les fouilles seraient un dernier recours.
La Première Nation est étroitement liée à la communauté métisse de Patuanak. La vice-présidente de la Nation métisse de la Saskatchewan, Michelle LeClair, a souligné qu’il était important que tous les peuples autochtones soient unis dans la recherche de réponses au sujet de leurs proches.
«C’est une partie sombre de l’histoire canadienne», a-t-elle lancé.
Le chef Bobby Cameron, de la Fédération des nations autochtones souveraines, qui représente 74 Premières Nations de la Saskatchewan, a mentionné que la découverte pourrait représenter 93 jeunes garçons et filles qui ont été «volés de leur vie».
Il a exhorté le premier ministre Justin Trudeau à garantir que justice soit rendue aux survivants, à leurs familles et aux enfants qui ne sont pas rentrés chez eux. Il a également estimé que des centres de guérison et de bien-être devraient être construits sur les sites des anciens pensionnats.
———
Le «Programme de soutien en santé: résolution des questions des pensionnats indiens» dispose d’une ligne téléphonique pour aider les survivants des pensionnats et leurs proches. Le numéro est le 1-866-925-4419.