QUÉBEC — La démarche du gouvernement Couillard visant à revoir le statut du Québec au sein du Canada n’en est encore qu’aux balbutiements.
Quatre mois après avoir choisi de relancer le débat constitutionnel, tout reste encore à faire pour le Québec. Et les résultats pourraient se faire attendre pendant des années.
L’heure n’est donc pas à tracer des bilans, mais plutôt à multiplier les occasions de débattre partout à travers le pays de la place du Québec, a indiqué jeudi le ministre des Relations canadiennes, Jean-Marc Fournier, en faisant «un état d’avancement des lieux» quatre mois après le lancement de la politique québécoise d’affirmation nationale de son gouvernement.
«On est loin de faire un constat sur qu’est-ce qui passe ou qu’est-ce qui ne passe pas» ailleurs au Canada, a-t-il dit en point de presse, en faisant référence aux revendications formulées par le Québec pour que soit reconnue sa spécificité.
Le 1er juin, le gouvernement Couillard rendait public son document «Québécois, notre façon d’être Canadiens», dans lequel il exprimait sa volonté de redéfinir les relations Québec-Canada, de faire reconnaître la différence québécoise et, à terme, relancer le débat constitutionnel.
Le plus important, à ses yeux, consiste à rappeler que son gouvernement mise avant tout sur «la capacité de réfléchir» à «la distinction québécoise» à travers le pays.
Selon lui, il y a d’ailleurs un intérêt dans le reste du pays pour discuter de ces questions. «L’accueil est très bon», selon le ministre, qui multiplie les rencontres en vue d’expliquer la démarche québécoise, tant auprès de la classe politique que devant les universitaires.
Dans les prochains jours, il prendra la parole sur le sujet à l’Université McGill, à l’Université Concordia et à l’Université de Montréal. D’autres universités suivront.
Les Québécois nationalistes pressés de voir le gouvernement annoncer une nouvelle ronde de négociations constitutionnelles devront cependant prendre leur mal en patience.
L’approche privilégiée par le gouvernement, qui en est une de dialogue et de persuasion, demandera du temps. Québec ne se fixe aucune échéance.
M. Fournier continuera donc dans l’année qui vient à prendre son bâton de pèlerin et à accepter toutes les invitations à débattre des relations Québec-Canada.
C’est ainsi que selon lui le Québec peut espérer voir ses attentes comblées, en expliquant encore et encore le bien-fondé de ses revendications. «Plus on va les présenter, plus ça va être compris, plus ça va être facile», selon le ministre, qui insiste sur l’importance pour le Québec de briser le «tabou» qui entoure le statut constitutionnel du Québec depuis le rapatriement de 1982.
Il fait valoir que dans les milieux universitaires par exemple, «il y a de l’intérêt pour reprendre la réflexion sur le sujet».
La classe politique semble plus frileuse. Le jour même de la présentation de la politique, en juin, le premier ministre Justin Trudeau avait fermé à double tour la porte de nouvelles négociations constitutionnelles.
Mais le gouvernement Couillard ne s’en est pas formalisé, soutenant que ce n’était pas le moment de relancer une nouvelle ronde de négociations.
L’heure est plutôt au «dialogue» avec le reste du pays, selon Québec.
Le premier ministre Philippe Couillard avait semé l’émoi d’un océan à l’autre lorsqu’il avait présenté son document, affirmant du même coup qu’il visait, à terme, à voir le Québec réintégrer la constitution canadienne.
Jamais le Québec n’a signé la Loi constitutionnelle de 1982.
Depuis juin, Québec a tenu son engagement de modifier la structure administrative du gouvernement pour tenir compte de la nouvelle politique.
Chaque ministère compte désormais une «unité de relations canadiennes», avec le mandat d’assurer la présence du Québec d’un bout à l’autre du pays, dans tous les secteurs d’activités.
Les ministères devront participer à tous les colloques, congrès, forums ou autres activités susceptibles d’offrir une tribune au Québec, où il pourra afficher ses idées et sa différence.
Du même coup, tel que prévu, Québec a transformé le Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes (SAIC) en Secrétariat du Québec aux relations canadiennes (SQRC).