OTTAWA — La ministre canadienne du Commerce international se dit déçue de certaines des mesures protectionnistes préconisées par la nouvelle administration Biden à Washington, mais elle n’est pas découragée de s’associer avec le plus grand partenaire commercial de son pays pour renforcer les institutions financières mondiales.
Mary Ng a déclaré que ces mesures incluent la reprise des dispositions «Buy American» dans le nouveau projet de loi massif sur les infrastructures du président Joe Biden, qui créent plus d’obstacles pour les entreprises étrangères qui veulent soumissionner sur des projets lucratifs.
«Nous devons toujours défendre les intérêts supérieurs des Canadiens. J’ai clairement dit que nous avons été déçus par les éléments protectionnistes du projet de loi sur les infrastructures», a déclaré Mme Ng à La Presse Canadienne depuis Genève, où elle effectuait sa première visite durant la pandémie de COVID-19 au siège de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
«Nous allons continuer à travailler avec les États-Unis à ce sujet. Nous le devons», a-t-elle insisté.
Mary Ng a repris le flambeau du Groupe d’Ottawa d’une douzaine de pays qui vise à renforcer et à réformer l’OMC malmenée et décriée.
Le Groupe d’Ottawa tentait d’éviter qu’une institution clé de règlement des différends de l’OMC, connue sous le nom d’Organe d’appel, ne soit paralysée par l’ancienne administration américaine de Donald Trump qui avait bloqué la nomination américaine de nouveaux juges au sein du comité.
L’administration Biden n’a pas encore nommé de nouveaux juges pour que le comité puisse fonctionner, un retard qui a irrité les entreprises canadiennes. Elles sont également frustrées par un projet de crédit d’impôt américain pour les véhicules électriques, largement perçu comme une violation des règles du commerce international, et par la relance des dispositions «Buy American».
Mme Ng était à Genève cette semaine pour préparer une importante réunion ministérielle de l’OMC prévue plus tard ce mois-ci.
La représentante américaine au Commerce Katherine Tai, homologue américaine de Mme Ng, sera présente à la réunion. Mme Tai a exprimé son soutien à l’OMC, mais cela ne s’est pas traduit par une action ferme pour réintégrer les juges d’appel américains afin que l’institution chargée des différends commerciaux à l’étranger soit en mesure de les résoudre.
Mary Ng a tenu deux rencontres en personne avec Katherine Tai cette année. Les comptes rendus de leurs deux bureaux révèlent qu’elles ont discuté d’un éventail de sujets, y compris l’OMC.
«Je ne parlerai pas pour elle», a déclaré Mme Ng, lorsqu’on lui a demandé si Mme Tai avait donné une indication quant à du mouvement sur la question.
«Le Canada est déterminé à trouver cette solution à long terme auprès de l’organe d’appel», a-t-elle ajouté.
Malgré les irritants, Mary Ng a déclaré qu’elle voyait encore beaucoup de place pour la coopération avec les États-Unis et son partenaire continental, le Mexique.
Joe Biden, le premier ministre Justin Trudeau et le président mexicain Andrés Manuel López Obrador se rencontreront à la Maison-Blanche la semaine prochaine pour leur premier sommet en cinq ans.
La discussion trilatérale se concentrera sur les moyens de tirer parti du nouvel accord commercial nord-américain qui a été conclu sous l’administration Trump pour rendre le continent plus résistant aux chocs économiques de la pandémie. Cela inclut de trouver des solutions au goulot d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement et de souligner la nécessité de se diversifier face à la Chine.
Mary Ng a fait une partie du travail de fond pour le sommet, s’étant récemment rendue à Washington et à Mexico pour des réunions avec ses homologues politiques.
«La compétitivité nord-américaine. Comment nous luttons ensemble contre les changements climatiques. Comment nous nous remettons de la COVID-19 en créant des emplois bien rémunérés dans toute l’Amérique du Nord. Ce sont des choses que nous avons en commun, et ce sont des choses sur lesquelles nous devons également travailler ensemble», a déclaré Mme Ng.