Protonthérapie: un groupe réclame plus d’accessibilité pour la protonthérapie

HALIFAX — Il est temps que le Canada rende la protonthérapie, une forme de radiothérapie avancée, plus accessible, revendique un groupe de défense pour la recherche sur les cancers infantiles.

Le Canada est le seul pays du G7 sans clinique de protonthérapie, une situation qui contraint certaines familles à se rendre aux États-Unis pour recevoir ce traitement, qui date d’environ une décennie.

« C’est une technique de pointe et un traitement médical qui ont fait leurs preuves », affirme le directeur du Advocacy for Canadian Childhood Oncology Research Network (Ac2orn), Chris Collins.

La protonthérapie utilise un faisceau de protons pour irradier des tissus cancéreux chez les enfants et les adultes. En comparaison à la radiothérapie traditionnelle, cette technologie permet d’utiliser une plus grande concentration de radiation sans affecter les organes.

Selon M. Collins, qui a lui-même perdu son fils de 13 ans, victime d’un cancer en 2007, la pandémie de COVID-19 a rendu l’accès à ce traitement plus difficile aux familles canadiennes.

« Proportionnellement, ce serait bien d’avoir un centre à Vancouver, à Montréal et à Toronto, et de financer le transport des familles qui voudraient s’y rendre », espère M. Collins.

Directeur du service d’oncologie et d’hématologie à l’hôpital SickKids de Toronto, Dr Jim Whitlock défend l’efficacité de la protonthérapie pour les tumeurs au cerveau et pour d’autres types de cancers infantiles.

Selon, la protonthérapie est préférable pour des patients ayant des tumeurs à la base de leur crâne. « C’est un endroit difficile à ne pas abîmer en utilisant la radiothérapie », mentionne-t-il.

Les coûts d’investissement initiaux, estimés entre 75 et 250 millions $, seraient le principal obstacle à la création d’un centre de protonthérapie, selon le Dr Whitlock.

Il ajoute qu’il devrait au moins y avoir un centre national pour l’utilisation de cette technique de pointe, et que les provinces qui voudraient en construire un auraient besoin de l’aide financière du gouvernement fédéral.

Selon Santé Canada, les systèmes de protonthérapie appartiennent à la classe 3 des appareils réglementés par le fédéral. Une licence est donc nécessaire pour légiférer son importation ou sa vente au pays.

« Même si Santé Canada est responsable de déterminer la sécurité, l’efficacité et la qualité des appareils médicaux, l’utilisation et le financement de la protonthérapie sont de juridiction provinciale », a expliqué le ministère par courriel.

Radio-oncologue au centre de traitement du cancer de Halifax, Rob Ruthledge est aussi d’avis que la question financière retient la progression de ce dossier.

Présentement, les quelques patients des Maritimes qui sont admissibles à la protonthérapie sont envoyés aux États-Unis. Toutefois, le gouvernement néo-écossais, qui finance ce traitement, serait intéressé de diriger des patients vers les Pays-Bas, un pays qui « a une technologie excellente pour beaucoup moins cher », selon le Dr Ruthledge.

La protonthérapie doit toutefois être offerte aux enfants canadiens qui souffrent de tumeur au cerveau et que leur non-disponibilité prouve certaines lacunes dans le système de santé, avance-t-il. « Pandémie ou pas, nous avons besoin de ce traitement. »