OTTAWA — Le leader parlementaire du gouvernement, Mark Holland, émet des doutes sur le nombre relativement élevé d’exemptions médicales dans les rangs conservateurs qui les empêchent d’être vaccinés contre la COVID-19.
La Presse Canadienne révélait lundi que quatre députés conservateurs n’ont pas mis les pieds à la Chambre des communes depuis plus d’une semaine, soit depuis l’adoption d’une motion visant à contrevérifier les exemptions médicales afin qu’elles soient compatibles avec celles de la santé publique de l’Ontario.
Les députés Dean Allison et Colin Carrie avaient déjà dit publiquement qu’ils n’étaient pas vaccinés parce qu’ils avaient une exemption médicale qui les en empêche. Et lundi, la députée Cathay Wagantall a laissé entendre que son exemption médicale était toujours en cours d’examen par la Chambre des communes.
Le député Ted Falk, lui, refuse de discuter de son statut vaccinal. Il n’a pas non plus été aperçu aux Communes depuis plusieurs jours.
L’idée que quatre élus conservateurs sur 119 bénéficient d’une exemption médicale légitime est très peu probable, voire impossible, a soutenu M. Holland à l’entrée de la rencontre du conseil des ministres, mardi matin. Il a appelé les conservateurs à faire preuve de transparence sur le nombre réel d’élus non vaccinés.
«Je dis depuis le début que je crois qu’il y en a plus d’un. Ça semble certainement être le cas et il faudrait étirer l’élastique pas mal pour croire que ces exemptions médicales sont valides», a-t-il dit, tout en refusant d’aller plus loin. «Je ne me prononcerai pas à savoir si un député est honnête ou pas», a-t-il ajouté.
En comparaison, le médecin hygiéniste en chef de l’Ontario, Dr Kieran Moore, estime que les exemptions médicales reconnues par la province – soit une allergie sévère grave à un composant du vaccin ou une myocardite – touchent entre une et cinq personnes sur 100 000.
«Alors en ce moment, il y a quatre députés conservateurs sur 119, contre un sur 100 000. Ça ne marche pas, et ça n’envoie pas un bon message à l’ensemble du pays. Nous devons tous nous faire vacciner; nous devons en finir avec cette pandémie», a plaidé M. Holland.
Les libéraux et néo-démocrates ont voté, le 26 novembre dernier, en faveur d’une motion visant à ramener le Parlement hybride. Tous les élus qui décident de participer en personne doivent être vaccinés et ceux qui ne le sont pas doivent avoir une exemption médicale reconnue par la santé publique de l’Ontario.
Le Bloc québécois avait voté contre la motion, mais était d’accord avec la vaccination obligatoire pour tous les élus qui souhaitent participer aux travaux en personne.
Dès le retour du Parlement, les conservateurs ont décidé de contester, comme prévu, la décision du Bureau de régie interne d’imposer la vaccination obligatoire pour entrer dans les édifices parlementaires. Et lundi, Mme Wagantall a contesté le libellé de la motion du 26 novembre dernier qui va trop loin, selon elle.
La députée de la Saskatchewan, qui s’exprimait en direct de sa voiture, a déclaré que cette décision «crée un dangereux précédent». «Elle permet l’ingérence politique dans ce qui devrait être une prise de décision objective des professionnels de la santé qui nous servent, nous, parlementaires», a-t-elle dit.
Le président de la Chambre des communes, Anthony Rota, a rendu sa décision mardi après-midi sur les points soulevés par Mme Wagantall.
«La décision de la Chambre est sans équivoque. C’est pourquoi je ne peux conclure qu’on a porté atteinte aux privilèges de la députée. (…) Par conséquent, je conclus qu’il n’y a pas, à première vue, matière à question de privilège», a tranché M. Rota, en lisant sa courte déclaration.
Le chef conservateur Erin O’Toole n’a pas confirmé le nombre d’exemptions médicales parmi ses rangs. Il a cependant toujours assuré que ses députés allaient respecter les règles de la Chambre des communes.