MONTRÉAL – Une fois de plus, la Coalition priorité cancer proteste contre la lenteur de Québec à approuver des médicaments contre le cancer et affirme que la situation est même pire qu’avant.
Les représentants de la coalition ont rencontré la presse, lundi à Montréal, pour dresser l’état de la situation depuis le début de l’année 2013, et déplorer le petit nombre de médicaments acceptés par l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS).
Mais le ministre de la Santé et des Services sociaux, Réjean Hébert, assure que les nouveaux médicaments sont étudiés selon un processus scientifique rigoureux et que les médicaments qui ont démontré leur utilité thérapeutique et qui n’ont pas un équivalent moins cher sont autorisés.
La Coalition priorité cancer précise que depuis le début de l’année 2013, un médicament sur les 13 soumis a été recommandé. Les 12 autres ont été soit refusés, soit reportés à la prochaine étude des médicaments en 2014, soit acceptés par le ministre malgré une recommandation de l’Institut.
Plus précisément, trois de ces médicaments ont été recommandés sous réserve d’ententes de partage de risque entre les fabricants et le ministère de la Santé et des Services sociaux. Et la moitié ont été acceptés par le ministre.
La présidente de la coalition, Nathalie Rodrigue, s’inquiète de cette situation pour les patients. Selon son évaluation, depuis le début de l’année 2013, le taux d’acceptation pour le remboursement de nouveaux médicaments contre le cancer atteint 31 pour cent, contre 77 pour cent en 2012 et 69 pour cent en 2011.
«C’est toujours un processus qui est à recommencer d’année en année. Ce qu’on demande, nous à la coalition, c’est: est-ce qu’on peut avoir un processus clair d’évaluation et de remboursement des médicaments, de manière à ce qu’on ne soit pas toujours en train de jouer au chat et à la souris, avec l’INESSS qui émet des recommandations et le ministre qui retourne les recommandations dans un autre sens. On aimerait un processus qui est plus transparent», a plaidé Mme Rodrigue.
Dans certains cas, toutefois, les assureurs privés peuvent défrayer le coût de ces médicaments, souvent onéreux.
«Comme plusieurs de mes confrères d’associations de patients d’autres types de cancer, on est assez effrayés par la lenteur des changements, mais aussi, et surtout, à l’idée que les patients soient pris entre l’arbre et l’écorce dans le processus. Les oncologues aussi, parce qu’eux savent quels traitements prescrire, mais ils sont contraints à demander à leurs patients ‘bon, écoutez, il y a un traitement, mais est-ce que vous avez des assurances privées?’», a résumé de son côté Nicole Giroux, membre du comité des patients et survivants de cancer de la coalition.
Les médicaments contre le cancer ont coûté en 2011 quelque 300 millions $, selon la coalition.
Hébert justifie
De passage à Montréal, le ministre Hébert a assuré que les considérations économiques n’étaient pas les seules qui étaient soupesées et qu’elles n’arrivaient même pas au premier plan dans les décisions ministérielles. «Non. C’est d’abord la valeur thérapeutique (qui compte); la considération économique arrive en deuxième», a-t-il assuré.
«Le médicament doit avoir une valeur ajoutée au niveau thérapeutique pour pouvoir l’inscrire, s’il coûte plus cher. Quand il y a un médicament équivalent qui coûte moins cher, le médicament qui coûte plus cher, on ne l’inscrira pas, parce qu’il n’a pas une valeur ajoutée par rapport à l’arsenal thérapeutique qu’on a déjà maintenant», a justifié le ministre de la Santé.
Le ministre Hébert a tenu à «rectifier» les chiffres cités par la coalition. «Sur les 11 (médicaments) qui ont été soumis à l’INESSS, on en a accepté plusieurs. Quatre ont été retenus, deux sont encore à l’étude. Il y en a cinq qui ont été rejetés, trois pour une valeur thérapeutique insuffisante, deux pour des raisons économiques», a-t-il précisé.
Il a rappelé qu’il avait lui-même autorisé quatre médicaments contre le cancer, en novembre dernier, refusant de suivre les recommandations contraires de l’INESSS.