MONTRÉAL – Le premier ministre Philippe Couillard n’ira pas sur la Côte-Nord pour y rencontrer le chef innu Rodrigue Wapistan, comme celui-ci l’exige avant d’enlever la barricade érigée par des membres de sa communauté mercredi sur la route d’accès au mégachantier La Romaine.
«C’est impossible, parce que si tout le monde commence à bloquer des routes pour avoir accès au premier ministre, la société ne peut pas fonctionner comme ça», a déclaré jeudi le ministre responsable des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley, qui participait au Conseil de la fédération à Terre-Neuve et Labrador en compagnie du premier ministre Couillard.
M. Kelley a laissé entendre que la voie des barricades pourrait s’avérer un mauvais choix.
«On a un choix dans la vie: on peut poursuivre la voie des négociations ou on peut poursuivre la voie des confrontations. (…) On peut faire un ou on peut faire l’autre, mais on ne peut pas faire les deux en même temps», a indiqué le ministre, invitant les Innus à négocier pour «trouver des solutions aux différends qu’ils ont soulevés».
Le ministre s’est toutefois bien gardé d’aller plus loin dans cette réflexion, indiquant que son rôle à lui était de s’assurer que les voies de communication demeurent ouvertes et que les autres voies relevaient de sa collègue de la Sécurité publique, Lise Thériault.
Geoffrey Kelley a d’ailleurs semblé surpris de cette action, précisant qu’il avait vérifié auprès du négociateur des Innus et que ce dernier lui avait dit que les négociations en vue d’un nouveau traité avec la communauté allaient «bon train».
«Je comprends qu’il y a un différend autour d’un contrat d’Hydro-Québec, mais même là, les pourparlers sont en train de continuer, a-t-il dit. Je ne vois pas de rupture. Je ne vois pas dans les actions du gouvernement qu’on a négligé ou ignoré des dossiers de la nation innue.»
Le ministre Kelley a cependant pris l’engagement de se pencher sur l’entente conclue entre les Innus et Québec en 2008 pour s’assurer que les obligations de chacune des parties ont été respectées.
Les Innus reprochent à Hydro-Québec d’avoir inondé des bassins sans les avertir et d’y avoir laissé plus de la moitié du bois alors que ces terres devaient être entièrement déboisées au préalable, en contravention avec les ententes.
Ils déplorent d’une part qu’Hydro-Québec les ait privés de la récolte et des revenus afférents mais surtout, d’autre part, de causer ainsi un saccage environnemental de leur milieu puisqu’une inondation sans déboisement complet se traduira par une augmentation marquée des taux de mercure, portant atteinte à leurs activités de chasse, de pêche et de piégeage.