MONTRÉAL – Denis Coderre ne veut rien entendre d’une élection référendaire et l’a fait savoir sans détour dimanche à Pauline Marois.
Au terme d’une rencontre à l’hôtel de ville avec la chef du Parti québécois (PQ), le maire de Montréal a plaidé pour que l’économie retrouve sa place au centre des débats de la campagne électorale.
Il faut mettre les priorités à la bonne place, a fait valoir le maire Coderre, un fédéraliste indéfectible avec une longue feuille de route politique à Ottawa.
«Les Montréalais, ce dont ils parlent, c’est d’économie. Alors n’arrivez-moi pas avec une élection référendaire, on n’en veut pas», a déclaré M. Coderre.
«Je n’ai pas le temps de m’empêtrer dans ces questions-là, a-t-il poursuivi. Je pense que ce dont il faut parler aujourd’hui, c’est d’économie, d’emploi, du rôle de partenariat avec le gouvernement du Québec.»
Le maire de Montréal n’a pas voulu critiquer le magnat des médias Pierre Karl Péladeau qui a fait une entrée fracassante dans le débat électoral il y a une semaine en brandissant le poing en faveur de la souveraineté. L’engagement de M. Péladeau dans le camp souverainiste ne change en rien le fait que l’économie doit figurer en tête de liste des thèmes électoraux, a signifié M. Coderre.
«J’ai énormément de respect pour ceux qui franchissent le Rubicon de la démocratie. Quand ils décident de se présenter, libre à eux, la population va décider. Pour moi, ma priorité est économique alors je ne veux pas m’empêtrer dans d’autres dossiers. Si les gens parlent d’un dossier plus que d’un autre, la population va juger», a-t-il dit.
La chef péquiste a dit recevoir «très positivement» les commentaires du maire de la métropole, accusant son rival libéral Philippe Couillard d’être responsable du glissement de la campagne vers la question nationale.
«Je n’ai jamais souhaité une élection référendaire, à ce que je sache c’est Philippe Couillard qui a mis de l’avant le fait qu’il pourrait y avoir une élection référendaire (et) qui a dit que sa priorité en arrivant au gouvernement, ce serait d’aller signer la constitution», a argué Mme Marois.
Au cours de son entretien d’une quarantaine de minutes avec Mme Marois, M. Coderre a fait part de ses attentes envers le prochain gouvernement. Il a réitéré sa volonté d’obtenir un statut particulier pour la métropole, entre autres en matière de fiscalité et de financement. Les échanges ont aussi porté sur le développement social, la lutte à l’itinérance, l’intégration des immigrants et le projet de recouvrement de l’autoroute Ville-Marie.
Au sujet de ce projet, la chef du PQ a exprimé son ouverture pour le recouvrement d’un tronçon de 125 mètres.
«Il faut faire l’évaluation plus systématique, est-ce que c’est 40 millions$? Est-ce que c’est 100 millions$? Faisons l’évaluation mais j’accueille très favorablement le fait qu’on puisse sectionner le projet et en réaliser une première phase qui serait ce recouvrement de 125 mètres et qui permettrait, je crois, une meilleure circulation entre le coeur de la ville et le Vieux-Montréal», a-t-elle dit.
Le dossier controversé de l’interdiction des signes religieux chez les employés du secteur public n’a pas été abordé. Le maire Coderre, qui s’oppose avec énergie au projet de charte des valeurs du Parti québécois, n’a pas cru bon inscrire la question à l’ordre du jour de la rencontre.
«Vous connaissez ma position, la première ministre connaît ma position sur la charte alors on n’a pas eu besoin d’en discuter (…) Nous sommes en campagne électorale et les Québécois et les Montréalais vont juger et prendront position (sur cet enjeu)», a dit M. Coderre.
Au jour 12 du périple électoral, la chef du PQ a dit être satisfaite de l’allure de sa campagne. La caravane péquiste mène une campagne «vigoureuse» au coeur de circonscriptions détenues par les partis d’opposition, a souligné Mme Marois.
Elle y voit l’illustration que le Parti québécois, loin d’être sur la défensive, mène la charge tambours battants pour obtenir une majorité de sièges au scrutin du 7 avril.
«Nous sommes à l’offensive», s’est-elle félicitée.
Mme Marois reconnaît par ailleurs que la venue de Pierre Karl Péladeau a eu un effet choc sur la campagne mais elle assure qu’elle avait prévu le coup. Selon elle, l’arrivée de PKP donne du lustre à l’équipe économique du parti.
«L’arrivée de Pierre Karl Péladeau a eu un impact considérable, je le sais bien, c’était ce qu’on souhaitait et c’est ce qu’on savait aussi. Je n’étais pas naïve. Le message que ça a envoyé, c’est que des grands entrepreneurs sont prêts à faire le saut en politique, à apporter leur expérience et je vais miser sur cette expérience», a-t-elle soulevé.