MONTRÉAL – Un peu plus de cinq ans après avoir quitté la vie politique, et neuf mois après sa victoire lors de la course à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ), Philippe Couillard pourra finalement remettre les pieds à l’Assemblée nationale en tant que député.
Sans surprise, le chef libéral a été élu dans le château-fort que représente Outremont pour la formation politique. Le PLQ a également remporté l’autre élection partielle qui se déroulait également dans une forteresse libérale, la circonscription montréalaise de Viau, lundi soir.
L’élection de M. Couillard n’était qu’une formalité, puisque le Parti Québécois (PQ) et la Coalition avenir Québec (CAQ) avaient décidé de ne pas présenter de candidat afin de laisser la voie libre au chef de l’opposition officielle, qui pourra maintenant siéger à l’Assemblée nationale.
M. Couillard a obtenu 55,11 pour cent des suffrages exprimés. Sa majorité s’élève à 2317 votes. La candidate de Québec solidaire, Édith Laperle a profité de l’absence du PQ et de la CAQ pour rafler le deuxième rang, ayant récolté 32,23 pour cent des votes.
Le nouveau chef du Parti vert, Alex Tyrrell, n’a pu faire mieux qu’une quatrième place, obtenant que 3,79 pour cent des votes.
Le chef libéral prendra la relève de Raymond Bachand, qui avait démissionné le 26 août dernier, quelques mois après avoir été défait lors de la course à la direction du parti.
Le passage de M. Couillard s’annonce toutefois court dans Outremont, puisque le chef libéral a l’intention de briguer les suffrages dans la circonscription de Roberval, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, aux prochaines élections, qui pourraient être déclenchées au printemps.
Après avoir été accueilli de façon triomphale par ses militants dans le sous-sol de l’église Notre-Dame-des-Neiges, qui se trouve dans la circonscription d’Outremont, le chef du PLQ a livré un discours à forte saveur électorale.
M. Couillard, qui a attaqué le PQ à maintes reprises sur le dossier de l’économie, n’a toutefois pas voulu s’avancer sur le scénario d’un possible renversement prochain du gouvernement minoritaire Marois.
«Nous serons prêts, a-t-il simplement dit après son allocution. La grande incertitude, c’est quel sera le comportement de la CAQ. Est-ce qu’ils vont soutenir ce mauvais gouvernement lors du budget? Nous, nous serons prêts.»
D’ici là, le chef libéral pourra gérer ses troupes avec un peu plus de proximité, lui qui a été absent de l’Assemblée nationale au cours de la dernière session parlementaire, même s’il est chef du parti depuis le mois de mars dernier.
M. Couillard a par ailleurs semblé ouvrir la porte à un assainissement des échanges entre le PLQ et le gouvernement au cours de la période de questions à l’Assemblée nationale.
«Je vais faire un travail de chef de l’opposition qui va être sérieux et incisif, a-t-il expliqué. J’ai l’intention de questionner le gouvernement de façon très précise. Je ne changerai pas ma personnalité. Je n’insulte pas les gens. Je n’attaque pas les gens de façon personnelle.»
De la RIO au PLQ
David Heurtel a quant à lui confirmé le doublé du PLQ en étant élu dans la circonscription de Viau. Cette forteresse libérale était vacante depuis le départ du libéral Emmanuel Dubourg, le 9 août dernier.
M. Heurtel a remporté une victoire encore plus écrasante que celle de son chef. L’ex-président et chef de la direction de la Régie des installations olympiques (RIO) a obtenu 59,88 pour cent des suffrages, devançant sa plus proche poursuivante, la péquiste Tania Longpré, par 3061 votes.
La candidate de Québec solidaire, Geneviève Fortier-Moreau a livré une chaude lutte à sa rivale péquiste, ne lui cédant que 88 votes. Autre surprise, la déconfiture de la Coalition avenir Québec. La candidate caquiste Jamilla Leboeuf, qui a dû se contenter d’un maigre 3,39 pour cents des votes, a même été devancée par Patrick Bourgeois, d’Option nationale (4,57 pour cent).
Le porte-parole non parlementaire et président de Québec Solidaire, Andrés Fontecilla, a accueilli avec enthousiasme les résultats dans les deux circonscriptions.
Il s’est dit étonné de constater que sa formation politique soit à égalité avec le Parti québécois dans Viau.
«Nous constatons que les efforts investis par Québec solidaire ont porté fruit et cela trace la voie pour les élections générales. Ce qui me surprend le plus c’est la descente significative du Parti québécois. L’électorat se rend compte que ce parti n’est plus une alternative progressiste qui travaille pour le bien commun des Québécois», a-t-il indiqué à l’occasion d’une entrevue avec La Presse Canadienne.
La participation électorale a été très faible dans les deux circonscriptions. À peine 27,24 pour cent des électeurs inscrits se sont déplacés pour exercer leur droite de vote dans Outremont. Le taux dégringole à 16,93 pour cent dans Viau.
Grâce à ces deux victoires, le PLQ retrouve les 50 sièges qu’il détenait à l’Assemblée nationale avant les départs de MM. Dubourg et Bachand, contre 54 pour le PQ, 18 pour la CAQ et 2 pour Québec solidaire. Un député siège également en tant qu’indépendant.