Denis Coderre réitère son opposition au projet de loi sur la charte

MONTRÉAL – Denis Coderre n’a pas changé d’idée: le projet de charte mis de l’avant par le gouvernement Marois est «divisif» et la Ville de Montréal pourrait bien finir par la contester devant les tribunaux.

Le maire élu a fait valoir jeudi que selon lui, la neutralité de l’État existait déjà, et qu’elle pouvait fort bien coexister avec une forme de laïcité ouverte, surtout dans la métropole.

«Vous savez, c’est Montréal, là. J’ai toujours dit que l’intégration ne veut pas dire uniformité. J’ai toujours dit que Montréal est définie par sa diversité culturelle et que ‘it’s not a one size fits all’», a-t-il lâché en point de presse à l’hôtel de ville.

M. Coderre a demandé à son équipe de préparer un mémoire qui sera présenté en commission parlementaire à l’Assemblée nationale. Celle-ci pourrait se tenir au cours des prochains mois, tout dépendant de l’évolution de la situation politique à Québec.

«J’irai à Québec (…) pour représenter tous les Montréalais. Je pense que cette charte est divisive», a-t-il affirmé.

Mais si ces démarches s’avèrent infructueuses, Denis Coderre n’écarte aucune option, même celle de se tourner vers les tribunaux.

«Je me réserve tous les outils nécessaires après ce processus», a-t-il prévenu, soulignant qu’il avait toutefois l’intention de demander au conseil municipal nouvellement élu de se prononcer sur la question.

Le précédent conseil de ville s’était prononcé en août dernier en faveur d’une laïcité ouverte.

Et pendant la campagne électorale, Denis Coderre et ses trois adversaires s’étaient prononcés contre le projet de charte — celui-ci n’avait cependant pas encore été présenté sous forme de projet de loi au Salon bleu.

Le gouvernement Marois a déposé jeudi le projet de loi 60 sur la «Charte affirmant les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l’État ainsi que d’égalité entre les femmes et les hommes et encadrant les demandes d’accommodement».

Québec maintient le cap quant à l’aspect le plus controversé de son objectif de laïcité, soit d’interdire à tous les employés de l’État, au sens large du terme, de porter tout «objet marquant ostensiblement une appartenance religieuse», incluant «un couvre-chef, un vêtement, un bijou ou une autre parure».

Le ministre responsable des Institutions démocratiques, Bernard Drainville, a précisé jeudi que le droit de retrait prévu initialement pour les municipalités avait été remplacé par une période de transition.

Mais tout cela demeure toujours «un peu vague» aux yeux de Denis Coderre.

«On va laisser (aller) le jeu parlementaire à Québec, je comprends qu’il n’y a pas consensus de toute façon présentement», a-t-il plaidé.

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) abonde dans le même sens que celui qui deviendra, le 14 novembre prochain, le 44e maire de la métropole.

«De toute évidence, le gouvernement n’a pas entendu les voix montréalaises», a déploré par voie de communiqué Michel Leblanc, président et chef de la direction de la CCMM.

«Par ce projet de loi, le gouvernement traduit son peu d’égard et de sensibilité face à sa métropole», a poursuivi M. Leblanc.