Extras, dépassements de coûts: Gaudreault présente son plan

QUÉBEC – Le ministre des Transports, Sylvain Gaudreault, a dévoilé mardi un plan d’action pour lutter contre les dépassements de coûts dans la construction d’infrastructures routières.

M. Gaudreault a expliqué que ses initiatives répondent aux constats dressés dans un rapport de vérification qui a constaté une croissance constante des dépassements et «extras» sur les chantiers du ministère.

Embauche d’ingénieurs, amélioration des systèmes informatiques en place, évaluation de la performance des entrepreneurs sont parmi les moyens qui ont commencé à être déployés et continueront de l’être d’ici 2015.

Avec son plan d’action, M. Gaudreault souhaite notamment augmenter l’expertise du ministère des Transports, afin d’améliorer la gestion des projets, une lacune qui a contribué aux malversations dans la construction d’infrastructures.

«On veut (que l’expertise) se déploie mieux, on veut qu’elle soit présente sur les chantiers un peu partout à travers le Québec, a-t-il dit. Pour moi, ce n’est pas bâtir ou rebâtir. Rebâtir ça laisse entendre qu’elle était démolie, pour moi c’est renforcer l’expertise qui existe.»

Selon un document exposant le plan d’action, entre le 1er avril 2009 et le 31 mars 2013, 509 demandes de coûts additionnels ont été autorisées, pour un total de 259 millions $, soit 2,4 pour cent de la valeur totale des contrats.

Lors d’une conférence de presse, M. Gaudreault a déclaré que la tendance à la baisse dans le coût des contrats, observée depuis trois ans avec la mise en place de mesures de lutte à la collusion, s’est poursuivie au cours des derniers mois.

Depuis janvier, le ministère a constaté une réduction de 16 pour cent, soit une économie potentielle de 240 millions $, entre ses estimations et le prix des contrats.

«On fait des estimés et les résultats des soumissions arrivent 16 pour cent en bas de nos estimés, a-t-il dit. Alors ça, en bout de ligne, ça veut dire que c’est les Québécois qui en profitent.»

Par rapport à l’an dernier, la différence entre les contrats de construction octroyés et les estimations s’établit en baisse de 3,5 pour cent, a indiqué le ministre.

«On a fait un bond très important, qui est du jamais vu dans l’histoire récente, dans l’histoire du ministère des Transports, en termes de gain sur les prix réels dans les soumissions en fonction de nos estimés», a-t-il dit.

Par ailleurs, parmi les actions mises place, le ministère départagera désormais les responsabilités avant de payer pour des frais supplémentaires en cours d’exécution aux entrepreneurs en construction.

La performance des entrepreneurs, au niveau du respect des coûts et des échéanciers, sera aussi prise en considération au moment de l’évaluation des offres de service.

Un système informatique du ministère sera aussi amélioré afin de détecter plus facilement la collusion ou les prix trop bas.

Le ministre a indiqué que son projet de créer une agence des transports, dont l’objectif est notamment de dépolitiser la gestion de ces dossiers, se concrétisera «bientôt» par le dépôt d’un projet de loi.

M. Gaudreault a aussi souligné que son collègue à la Justice, Bertrand St-Arnaud, déposera un projet de loi pour récupérer les sommes payées injustement dans le cadre de contrats publics.

Le chef parlementaire libéral Jean-Marc Fournier a pour sa part souligné que les mesures mises en place par le gouvernement précédent avaient déjà commencé à faire baisser les prix des contrats.

«À partir du moment où nous on a mis sur pied le groupe anticollusion ou l’UPAC et les autres et les lois qu’on a changées, il y eu des possibilités d’aller chercher des économies à ce moment-là», a-t-il dit.

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a jugé paradoxal le projet d’agence de M. Gaudreault, alors que la structure actuelle semble démontrer sa capacité d’amélioration.

«On a réussi à baisser les coûts de 240 millions $ sans créer d’agence et on va changer la combinaison gagnante», a-t-il dit.