QUÉBEC – Il n’est pas question que Fatima Houda-Pepin offre au Dr Gaétan Barrette la circonscription de La Pinière sur un plateau d’argent. Elle va se battre bec et ongles pour la conserver.
L’ancienne députée libérale a confirmé mardi matin, en point de presse, qu’elle serait candidate indépendante aux prochaines élections générales, qui devraient être déclenchées mercredi.
Et elle a l’intention de livrer une bataille de tous les instants pour continuer à représenter les électeurs de cette circonscription située à Brossard, sur la rive-sud de Montréal, comme elle le fait depuis 1994.
La veille, on apprenait que le président de la Fédération des médecins spécialistes, le Dr Gaétan Barrette, qui avait porté les couleurs de la Coalition avenir Québec en 2012, dans Terrebonne, allait cette fois défendre celles du Parti libéral du Québec dans La Pinière.
Le Dr Barrette se lance dans la mêlée uniquement pour s’asseoir dans une limousine de ministre, selon celle qui a été exclue du caucus libéral le 20 janvier dernier, en raison de ses positions sur la laïcité de l’État et l’intégrisme, qui ne correspondaient pas à celles de son chef, Philippe Couillard.
Depuis le 20 janvier, elle entretenait le suspense sur son avenir politique.
Elle a dit qu’elle ne craignait pas du tout d’affronter le Dr Barrette, qu’elle a qualifié de «transfuge solide sur ses ambitions». Selon la députée, il ne connaît pas la circonscription, ni sa population, contrairement à elle qui ratisse ce comté depuis 20 ans.
«Qui est Gaétan Barrette dans La Pinière? Combien de fois il vous a parlé de La Pinière? Des citoyens de La Pinière, qu’est-ce qu’il en sait? M. Barrette, il vient chercher une limousine sur le dos des citoyens de La Pinière», selon elle.
Quoi qu’il en soit, au Québec, les candidats indépendants n’ont pas la cote, les électeurs votant d’abord pour le parti de leur choix. Aucun candidat indépendant n’a été élu à l’Assemblée nationale depuis 1964. Dans ce contexte, sa réélection, de surcroît contre un candidat-vedette, serait un exploit hors du commun.
La Pinière est une forteresse libérale. Mme Houda-Pepin réussissait à obtenir à chaque élection de confortables majorités, supérieures à 10 000 voix.
Cette fois, son combat s’annonce autrement plus difficile, et elle dit en être consciente.
Désormais sans parti et sans argent pour sa campagne, Mme Houda-Pepin misera sur les convictions des électeurs pour continuer à siéger à l’Assemblée nationale.
«Je me base sur la relation de confiance que j’ai bâtie avec les citoyennes et les citoyens du comté de La Pinière qui, ultimement, vont prendre cette décision. Ils vont faire l’histoire d’une certaine manière», croit-elle, en souhaitant que «les citoyens votent par conviction».
Chassée du caucus libéral en janvier, elle avait aussitôt perdu le trésor de guerre amassé par son association de comté, une cagnotte de 40 000 $ qui sera mise à la disposition du Dr Barrette pour favoriser son élection.
La candidate indépendante accepte mal cette situation. Elle a dit qu’on devrait inscrire au bas des pancartes électorales du Dr Barrette: ce message a été «autorisé par le représentant officiel du Parti libéral et payé par Fatima Houda-Pepin».
Le chef libéral Philippe Couillard a réagi aux propos de son ancienne députée en faisant valoir que cet argent n’était pas celui de Mme Houda-Pepin.
«L’argent n’appartient pas à l’exécutif (du comté), ni à personne. Il appartient aux militants libéraux et au Parti libéral du Québec. On va l’utiliser pour la campagne, bien sûr», a-t-il dit, en point de presse.
Et selon lui, il n’y a pas de doute, le Dr Barrette va l’emporter, car «les gens de La Pinière sont très attachés à notre parti et à ses valeurs».
Une députée de longue date, résidente de la circonscription, qui vient d’avoir l’attention de tous les médias pour avoir défendu ses convictions au prix de sa position au parti, et qui est réélue dans son comté depuis longtemps, contre un transfuge qui est clairement là par l’opportunisme le plus crasse. Pas dur de savoir qui va gagner.