Gaspillage d’argent:les publicités de la Subvention pour l’emploi sont «primées»

OTTAWA – Le gouvernement fédéral a eu droit à un prix peu convoité pour avoir dépensé des millions de dollars afin de faire la promotion d’une subvention à l’emploi qui n’existe pas encore.

Emploi et Développement social Canada a été nommé mercredi récipiendaire du 16e prix Teddy, qui «récompense» le gaspillage d’argent public.

En mai dernier, Ottawa a financé des publicités vantant les mérites de la «Subvention canadienne pour l’emploi de 15 000 $ ou plus», une mesure contenue dans le budget de 2013 qui n’est pas encore en place et qui est, de plus, contestée par les provinces. Ces publicités ont coûté 2,5 millions $ aux contribuables canadiens.

Le trophée, en forme de cochon, est remis à chaque année par la Fédération canadienne des contribuables à des individus ou des agences gouvernementales ayant gaspillé les fonds publics de manière excessive.

L’ancien président et chef de la direction des Jeux panaméricains de Toronto, Ian Troop, a remporté le prix à l’échelle provinciale pour avoir empoché un salaire de plus de 550 000 $ alors que son mandat était de superviser l’organisation d’un événement qui a déjà dépassé de 1,1 milliard $ le budget prévu.

Toronto sera l’hôte de ce rendez-vous sportif en 2016. Les dépenses réclamées par M. Troop vont d’une facture de stationnement de 91 cents à une note de 8500 $ pour une somptueuse fête au Mexique.

À l’échelle municipale, le prix a été décerné à TransLink, de Vancouver, pour la construction d’un stationnement d’une valeur de 4,5 millions $ qui ne sert pratiquement à personne.

Pour sa part, le Sénat du Canada a eu droit à un prix hommage «pour l’ensemble de son oeuvre».

«Avec un ancien sénateur qui purge le reste de sa peine pour fraude, un autre ex-sénateur et un sénateur suspendu qui font face à des accusations criminelles, deux sénateurs suspendus qui font l’objet d’une enquête policière et des dizaines qui se traînent les pieds dans l’enquête sur les dépenses menée par le vérificateur général, les militants de la Fédération canadienne des contribuables aux quatre coins du pays n’ont pas eu à se creuser les méninges longtemps…», a expliqué le directeur national de la fédération, Gregory Thomas.

Parmi les finalistes des prix Teddy figurent le ministère de la Défense, qui a dépensé 14 000 $ afin de mener un sondage pour savoir comment les Canadiens perçoivent les pouvoirs des superhéros, et Hydro-Québec, «pour avoir payé à ne rien faire environ 1,92 million $» à des grutiers syndiqués pendant que des travailleurs de l’Allemagne faisaient avancer un chantier hydroélectrique.

En fait, il a été démontré depuis que ces travailleurs n’ont jamais été payés à rien faire, mais qu’ils étaient plutôt en surnombre: il est vrai qu’ils pouvaient être deux à se partager les tâches d’un seul, et qu’ils ne travaillaient pas chacun à 100 pour cent. Et dans un document déposé devant la commission Charbonneau, l’entreprise allemande Bauer évalue plutôt à 789 500 $ le coût de ces «grutiers payés en double».

Les prix Teddy ont été nommés en l’honneur de Ted Weatherill, un ancien haut fonctionnaire du gouvernement fédéral congédié en 1999 après avoir réclamé des dépenses exagérées — notamment un dîner pour deux à 700 $.