Gaza:démission du Canadien chargé d’enquêter sur de possibles crimes de guerre

Un professeur de droit canadien a renoncé à diriger la commission de l’Organisation des Nations Unies (ONU) chargée d’enquêter sur de possibles crimes de guerre qui auraient été commis à Gaza l’été dernier.

La nomination de William Schabas, qui remontait à l’année dernière, avait suscité de vives critiques de la part d’Israël et du gouvernement canadien.

Un porte-parole du Conseil des droits de l’homme de l’ONU a indiqué que M. Schabas avait présenté sa démission lundi soir.

Ce développement est survenu après le dépôt d’une plainte de la part d’Israël, vendredi, dans laquelle William Schabas était accusé de présenter «un biais clair et documenté» à l’égard de cet État.

Dans le document, il se fait notamment reprocher «sa relation contractuelle avec le camp palestinien», qui remonte à l’époque où il ne dirigeait pas encore la commission onusienne.

Dans sa lettre de départ, M. Schabas a reconnu avoir reçu 1300 $ afin d’offrir son point de vue juridique à l’Organisation de la libération de la Palestine, en 2012. Cependant, selon le principal intéressé, il s’agissait d’une opinion «légale de nature technique» tirée de travaux qu’il avait publiés auparavant.

William Schabas a également défendu sa feuille de route en mentionnant qu’en tant qu’intellectuel intéressé par les droits humains internationaux, il a «régulièrement condamné les auteurs de violations».

«Ce travail de défense des droits humains semble m’avoir transformé en immense cible pour les attaques malicieuses», a-t-il écrit.

Il a enchaîné en notant qu’il partait pour éviter que la commission ne soit exposée à des distractions inutiles alors qu’elle se trouve dans «une phase cruciale» de son travail.

Cette organisation aurait normalement dû déposer son rapport le mois prochain.

Israël a refusé de collaborer avec la commission en prétextant que ses conclusions étaient connues d’avance.

William Schabas, qui a été décoré de l’Ordre du Canada, est reconnu pour ses écrits à propos de la criminalité internationale et de la législation sur les droits humains.

L’homme de 63 ans était à l’emploi de l’Université Middlesex en Angleterre avant d’être recruté par l’Organisation des Nations unies.

À peine quelques heures après sa nomination annoncée en août 2014, le ministre fédéral des Affaires étrangères John Baird avait exprimé son insatisfaction sur le réseau social Twitter.

«C’est une honte totale et ça ne fera rien pour promouvoir la paix et la dignité pour le peuple palestinien à Gaza», avait-il martelé.

Dans un discours, M. Schabas a déjà déclaré qu’il croyait que le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou devrait se «retrouver au banc des accusés devant un tribunal international».

Il a aussi écrit que ce personnage politique représentait «l’individu le plus susceptible de menacer la survie d’Israël».

William Schabas a indiqué, au moment de son arrivée à la tête de la commission onusienne, que «l’idée voulant qu’il soit anti-israélien était absurde».

De son côté, M. Nétanyahou l’a ouvertement accusé de cibler injustement Israël et d’ignorer les abus commis ailleurs.

Il a déjà dit que la commission devrait se pencher sur les comportements des dirigeants du Hamas.

Le porte-parole de cette organisation palestinienne, Fawzi Barhoum, a quant à lui soutenu que le départ de M. Schabas était la preuve qu’«Israël et le lobby sioniste ont exercé énormément de pression sur lui» et sur son équipe afin «de tuer la vérité».

Les hostilités à Gaza l’été dernier ont entraîné la mort de 72 personnes du côté israélien et de plus de 2200 Palestiniens, dont au moins 1483 civils, selon des données préliminaires colligées par l’ONU.