Institut Fraser: 52 000 Canadiens ont reçu des soins non urgents à l’étranger

MONTRÉAL – Selon les estimations de l’Institut Fraser, plus de 52 000 Canadiens auraient reçu des soins non urgents à l’étranger en 2014.

Il s’agit d’une hausse comparativement aux 41 838 que l’Institut avait rapporté en 2013. L’économiste Bacchus Barua, coauteur de l’étude rendue publique mardi, parle d’une «augmentation considérable» de 26 pour cent.

Ces données sont basées sur des estimations faites à partir d’un questionnaire transmis à des médecins du Canada dans une douzaine de spécialités médicales. L’Institut leur a demandé quelle proportion de leurs patients, approximativement, avait reçu des soins médicaux non urgents à l’extérieur du Canada au cours des 12 derniers mois.

Plus précisément, ce sont 52 513 patients qui auraient eu recours à ces soins à l’étranger en 2014, selon les projections de l’Institut Fraser.

Au Québec, cela représenterait 6284 patients, au Nouveau-Brunswick 742 et en Nouvelle-Écosse 975.

C’est bien sûr la province la plus populeuse, l’Ontario, qui a enregistré le plus grand nombre de patients qui ont reçu des soins non urgents à l’étranger, soit 26 252. Mais si l’on tient compte de la population, la Colombie-Britannique et l’Alberta devancent l’Ontario à ce chapitre, avec des pourcentages respectifs de 1,6 et 1,5 pour cent, comparativement à 1,3 pour cent pour l’Ontario.

Au Québec, le nombre de patients ayant reçu des soins non urgents à l’étranger ne représente que 0,5 pour cent de l’ensemble, une des proportions les plus basses au pays, avec l’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador. Pour le Nouveau-Brunswick, cela représente 0,8 pour cent de l’ensemble.

Au Canada, c’est en médecine interne que le plus grand nombre de patients ayant reçu des soins non urgents à l’étranger a été rapporté, en nombres absolus, parmi les 12 spécialités examinées. Au Québec, c’est en ophtalmologie et au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse en urologie.

En proportion, toutefois, c’est plutôt en neurochirugie que les Canadiens ont le plus eu recours à ces soins à l’étranger. Au Québec, c’est pour la chirurgie cardiovasculaire et au Nouveau-Brunswick pour l’urologie.

L’Institut Fraser avance plusieurs hypothèses pour expliquer ce phénomène, parmi lesquelles les longs délais d’attente dans notre système de santé, l’accès à des technologies de pointe à l’étranger, l’accès à des centres de soins spécialisés à l’étranger ou de meilleurs pronostics pour un traitement.

M. Barua et son coauteur Feixue Ren affirment que leurs estimations sont très conservatrices et «probablement sous-estimées». Ils signalent, par exemple, que les patients qui quittent le Canada sans avoir au préalable consulté un médecin spécialiste ne sont pas inclus dans cette étude, puisqu’elle est basée sur les déclarations des médecins.

L’Institut fait également une mise en garde concernant les données du Québec, puisqu’il n’y a pas eu accès pour l’année 2012-2013. Il a donc dû faire des projections à partir de l’année précédente.