Irak: les soldats canadiens forcés de se défendre contre des tirs ennemis

OTTAWA – Pour la première fois, des soldats canadiens ont été forcés de se défendre contre des tirs ennemis en Irak la semaine dernière, a indiqué l’armée, lundi.

En conférence de presse, le commandant des Forces d’opérations spéciales du Canada Michael Rouleau a précisé que les militaires visitaient un poste de première ligne avec les forces irakiennes, lorsqu’ils ont été la proie de coups de feu tirés par une mitrailleuse et un mortier.

Les soldats canadiens, qui ont pour mission d’entraîner et de conseiller l’armée irakienne dans leur combat contre le groupe armé État islamique, étaient sur le front pour aider à planifier une offensive.

Les troupes canadiennes auraient «neutralisé» l’ennemi avec des tireurs embusqués sans qu’il n’y ait de blessé.

Selon le brigadier-général, toutefois, cela ne signifie pas que l’engagement du Canada dans ce conflit s’intensifie.

«La situation est beaucoup plus nuancée. On ne peut pas dire que, parce qu’il y a un échange de coups de feu, on est soudainement rendus dans une mission de combat», a expliqué M. Rouleau.

Bien que les soldats canadiens ne soient pas en mission de combat, ils sont toujours autorisés à se défendre s’ils sont la cible de tirs, selon lui. Il a comparé la situation aux affrontements parfois violents impliquant des Casques bleus, lors de la mission dans les Balkans, dans les années 1990.

Le point de presse de lundi a permis d’en apprendre davantage sur les tâches des soldats canadiens sur le terrain, que l’armée avait gardées presque entièrement secrètes jusqu’ici.

M. Rouleau a affirmé que les soldats fournissaient de l’aide stratégique aux soldats kurdes, ce qui les amène parfois à se rendre sur les champs de bataille.

Ils ont aussi offert de la formation aux troupes locales, notamment sur l’utilisation de mortiers et de grenades propulsées par des fusées. Des professionnels de la santé sont aussi sur place pour leur apprendre les premiers soins.

Selon le brigadier-général, environ 80 pour cent du temps, les soldats sont très loin du front.

Lorsque le ministre de la Défense du Canada Rob Nicholson a autorisé le déploiement des quelque 60 soldats, au mois d’octobre, il a insisté qu’ils allaient seulement jouer un rôle de soutien.

Le porte-parole du premier ministre Harper Jason MacDonald a réitéré que les troupes canadiennes ne menaient pas d’offensive.

«Une mission de combat, c’est quand les troupes avancent et veulent s’impliquer physiquement, agressivement et directement avec leur ennemi. Ce n’est pas le cas avec cette mission», a-t-il tranché. Il a ajouté que le travail des soldats canadiens comportait ses risques, même s’ils demeurent moindres.

Les Forces spéciales canadiennes ont mené 13 frappes aériennes en Irak depuis la fin du mois de novembre avec la coalition internationale dirigée par les États-Unis.

Dans ces missions, les avions sont postés près des combats, utilisant des pointeurs laser pour larguer leurs bombes avec précision.

Le nombre peu élevé de frappes a suscité plusieurs questions depuis le début de l’intervention de la coalition. Les Américains ont, depuis, augmenté leurs troupes pour aider à mieux identifier les cibles, ce qui aurait ralenti les opérations auparavant.