Justin Trudeau parle de jeunesse, de croissance et de réfugiés à un panel du G20

ANTALYA, Turquie – Justin Trudeau a fait ses premiers pas sur la scène internationale, dimanche, en annonçant à une audience composée de gens d’affaires que les investissements à long terme dans les infrastructures et dans la jeunesse sont les clés de la croissance économique.

Le premier ministre canadien a présenté la «Stratégie de croissance ajustée du Canada» et la «Stratégie d’investissement du Canada» dans le cadre d’une rencontre du G20 qui se tient à Antalya, en Turquie, jusqu’à lundi.

L’ensemble des pays membres, qui représentent 85 pour cent de la production mondiale, ont été invités à présenter leurs stratégies d’investissement dans le cadre de ce sommet.

M. Trudeau a réaffirmé l’engagement du Canada à accueillir 25 000 réfugiés syriens. Il a déclaré que le Canada est un pays qui se définit par l’ensemble des valeurs partagées par ses citoyens, et non par leurs différences culturelles.

Le baptême de feu de Justin Trudeau sur la place mondiale est marqué par sa décision de retirer les avions de chasse canadiens de la coalition menée par les États-Unis qui cible des positions du groupe armé État islamique en Syrie.

Une décision qui est de plus en plus contestée à la lumière des récents attentats qui ont mis la capitale française à feu et à sang. Les attaques meurtrières, qualifiées «d’acte de guerre» par le président français François Hollande, ont été revendiquées par le groupe terroriste.

M. Trudeau s’est brièvement entretenu de manière informelle avec le président américain Barack Obama, dimanche, mais la participation des CF-18 canadiens n’a pas été soulevée, a fait savoir le bureau du premier ministre.

L’arrivée du premier ministre canadien au panel du G20 sur le monde des affaires a été à la hauteur de sa réputation de «rock star» de la politique.

Des dizaines de délégués l’ont sollicité pour prendre des égoportraits en sa compagnie. La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, l’a notamment chaleureusement accueilli.

Dans la foule qui a assisté au panel se trouvaient également le gouverneur de la Banque d’Angleterre, le Canadien Mark Carney, le président de la Chambre de commerce du Canada, Perrin Beatty, et le secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), José Ángel Gurría.

M. Trudeau a notamment abordé la question des investissements massifs qu’il compte faire dans les infrastructures pour stimuler la croissance économique du pays.

Il a également expliqué pourquoi il s’était désigné ministre de la Jeunesse — une première pour un premier ministre canadien, a-t-il dit —, avant de lancer un message qui n’avait pas été entendu sur la scène internationale depuis près d’une décennie.

«Les changements climatiques sont un véritable défi et la manière dont nous nous préparons aux pressions accrues sur nos écosystèmes et sur nos ressources et sur notre climat sera quelque chose sur lequel nous serons jugés dans les prochaines décennies par les plus jeunes générations», a-t-il mentionné.

L’allocution de M. Trudeau était principalement axée sur les stratégies d’investissements et de croissance du pays.

«Les Canadiens m’ont envoyé un message fort avec l’élection fédérale. Ils ont estimé qu’il était important d’investir dans nos collectivités, dans les infrastructures», a-t-il dit ajoutant que ce type de «croissance inclusive» n’était pas juste bonne pour le Canada, mais pour l’ensemble du monde.

M. Trudeau a répondu à deux questions provenant du public, touchant le taux de chômage chez les jeunes et les réfugiés.

Il a noté que lorsqu’il a débuté sa carrière d’enseignant il a compris l’importance pour une société d’aider les plus jeunes à avoir du succès, «et c’est pourquoi pour la première fois, le premier ministre du Canada est également le ministre de la Jeunesse».

«Ce n’est pas juste un choix sentimental, a-t-il ajouté. C’est pour reconnaître le fait que le succès des jeunes va déterminer le succès pas seulement de notre économie, mais aussi de notre planète.»

En répondant à une question sur les réfugiés, le premier ministre a servi quelques observations sur les bénéfices de la mosaïque culturelle canadienne.

«Le Canada a compris il y a longtemps que les différences doivent être une source de force, pas une source de faiblesse», a-t-il relevé.

Il a suggéré qu’un pays ne devrait pas être défini «par l’identité nationale ou le caractère ethnique ou la langue, mais sur des valeurs», comme l’ouverture, le respect et la compassion, «une volonté de travailler fort et d’être là les uns pour les autres».

M. Trudeau a glissé que «cela serait désormais la norme plutôt que l’exception» dans un monde globalisé, marqué par les migrations.

Le premier ministre a également rencontré le président indonésien Joko Widodo et a annoncé un projet d’infrastructure de 14 millions $ en Indonésie. Il s’est aussi entretenu avec le président mexicain Enrique Pena Nieto.