La CAQ veut retourner 1000 $ aux familles en abolissant les taxes scolaires et santé

QUÉBEC – La Coalition avenir Québec (CAQ) veut offrir un répit aux familles et s’engage à leur donner un «break» de 1000 $ d’ici 2017-2018 en se livrant à une «modernisation de l’État» qui passe notamment par l’abolition progressive de la taxe santé et de la taxe scolaire — et le gel des embauches dans le secteur public.

À compter de 2014-2015, les familles ayant un revenu inférieur à 45 000 $ verraient la taxe santé disparaître de leur compte. L’année suivante, toutes les familles du Québec auraient droit au même traitement.

Par la suite, ce serait à la taxe scolaire, que le chef François Legault a qualifiée d’«injuste», d’être abolie sur une période de deux ans, à compter des années trois et quatre d’un mandat caquiste.

En tout et partout, cela représenterait des économies d’environ 1000 $ pour une famille moyenne de deux enfants, selon les calculs de la formation politique.

«Les familles du Québec paient trop de taxes. Oui, c’est possible de les diminuer», a souligné M. Legault, selon qui les familles de la classe moyenne sont «tannées».

Les sommes dégagées le seraient notamment grâce à un gel «nécessaire» des embauches du personnel administratif de l’État. Ce gel ne toucherait pas les employés de la fonction publique qui offrent des services, a tenu à préciser M. Legault.

Selon les données présentées jeudi par le député Christian Dubé, principal maître-d’oeuvre du cadre financier caquiste, l’État québécois compte actuellement 568 000 employés, dont quelque 220 000 dans le secteur administratif, et les prévisions pour les prochaines années portent ce nombre à 603 000.

Mais s’il n’en tient qu’à la CAQ, ces 35 000 emplois administratifs ne verront pas le jour; ce sera la création d’autant d’emplois dans le secteur des services — les réseaux de la santé ou de l’éducation, en particulier — qui sera privilégiée.

«Au total, on va avoir le même nombre d’employés dans quatre ans, mais la répartition va être très différente», a exposé François Legault, réitérant sa volonté d’éliminer les commissions scolaires et les agences de santé.

Les départs à la retraite des baby-boomers représentent une occasion en or pour mettre en place ces mesures, a plaidé M. Legault, qui était accompagné de son équipe économique composée des députés Christian Dubé, François Bonnardel et Stéphane LeBouyonnec dans le cadre de cette annonce visant à donner le ton à la campagne.

«Je veux être bien clair: il n’y aura pas de mises à pied. On va utiliser les retraites volontaires des baby-boomers pour faire le travail, a fait valoir le chef de la CAQ. C’est une occasion unique; dans cinq ans, il sera trop tard.»

L’annulation partielle de la hausse des tarifs d’Hydro-Québec et l’annulation de la hausse des frais des services de garde — la CAQ avait déjà signalé son parti pris pour l’indexation — permettront également d’alléger le fardeau fiscal des familles québécoises.

Une révision à la baisse des crédits d’impôts et subventions aux entreprises, qui serait mise en oeuvre dès 2014-2015, permettrait de regarnir le Trésor public à hauteur de 450 millions $.

«Même le Conseil du patronat, même la Fédération des entreprises l’a dit. (…) Ils nous disent que les crédits d’impôt et les programmes aux entreprises sont trop généreux au Québec», a assuré M. Dubé, déplorant qu’aucun décideur n’ait le «courage» de s’asseoir avec les grandes entreprises pour discuter des correctifs à apporter sur ce plan.

Au cours des deux prochains exercices financiers, le gouvernement irait également chercher 300 millions $ dans les proches des entreprises trouvées coupables de corruption, et 550 millions $ en «révision des dépenses en informatique», peut-on constater en parcourant les tableaux fournis par la CAQ.

Le chef caquiste a refusé de parler d’une «réingénierie de l’État», terme associé à la tentative avortée des libéraux de Jean Charest de faire le grand ménage dans la fonction publique québécoise lors de leur arrivée au pouvoir en 2003, mais plutôt d’une «modernisation de l’État».

L’atteinte de l’équilibre budgétaire pour 2014-2015 est toujours dans les cartons, a signalé M. Dubé, qui a promis de fournir davantage de détails sur le plan de match budgétaire au cours des prochains jours.

Aussitôt déposé, le plan Dubé a provoqué une levée de boucliers du côté de la présidente du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), Lucie Martineau.

«Je ne sais pas sur quelle planète ils vivent, ces deux-là (MM. Legault et Dubé), mais leurs chiffres ne tiennent pas la route», a-t-elle martelé, précisant qu’il existe déjà depuis 2004 une politique de renouvellement d’un départ à la retraite sur deux au sein de la fonction publique.

«Les effectifs ont diminué de 6 pour cent depuis que la politique a été mise en place par (la présidente du Conseil du trésor de l’époque) Monique Jérôme-Forget», a assuré Mme Martineau, dont le syndicat représente 42 000 travailleurs.

Dans une sortie en milieu d’après-midi, le ministre des Finances sortant, Nicolas Marceau, a démoli le cadre budgétaire de la CAQ, qui est selon lui «truffé d’erreurs».

Le fiscaliste Luc Godbout, de l’Université de Sherbrooke, s’est montré plus nuancé. La pièce maîtresse de cet «ambitieux» plan de réduction des dépenses, a-t-il suggéré, est la masse salariale des employés de l’État.

«Si on arrive à dégager 2,3 milliards $ en contrôlant cette croissance, il sera possible d’abolir la taxe santé et la taxe scolaire. Mais on peut penser que ce ne sera pas facile, et j’ai l’impression qu’ils vont être les seuls (parmi les partis politiques) à proposer des allègements fiscaux», a analysé le professeur titulaire en entrevue téléphonique.

La campagne séduction caquiste a eu l’heur de plaire à un couple de commettants de la circonscription de Lévis, qui est représentée par Christian Dubé, à qui ce dernier a rendu visite avec son chef et l’épouse de celui-ci, Isabelle Brais.

Autour de la table, ils ont discuté rigueur, sacrifice et ambition, déplorant que ces termes soient, d’après eux, honnis des Québécois.

François Legault se trouvait dans la région de Québec — un terreau fertile pour son parti — pour une deuxième journée consécutive. Après une annonce dans la circonscription de Chauveau, vendredi matin, sa caravane doit prendre le chemin de la région de Mauricie, puis mettre le cap sur Montréal.