La SQ enquête sur ses policiers pour des sévices sur des autochtones

QUÉBEC – Des policiers de la Sûreté du Québec ont enquêté sur leurs propres collègues éclaboussés par des allégations de sévices contre des femmes autochtones en Abitibi.

Les enquêtes sont pratiquement complétées et les dossiers seront transmis sous peu au bureau du Directeur des poursuites criminelles et pénales, a fait savoir le gouvernement jeudi.

Plusieurs femmes autochtones ont rapporté avoir été victimes d’actes de brutalité et même d’agressions sexuelles commis par des agents de la SQ dans le secteur de Val-d’Or, selon ce qu’a rapporté Radio-Canada.

Les allégations ont été signalées au cabinet dès la mi-mai, a indiqué la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, quand elle a été questionnée en Chambre par l’opposition officielle jeudi matin.

Le chef péquiste Pierre Karl Péladeau a réclamé une enquête indépendante pour faire la lumière sur cette histoire. Selon lui, il en va de la confiance de la population à l’égard de la justice et des autorités policières.

«Est-ce que le premier ministre considère que des enquêtes de la Sûreté du Québec sur ses propres policiers seront de nature à rassurer la population? (…) Une enquête indépendante est la seule chose à faire pour rétablir la confiance du public», a dit le chef péquiste.

Lise Thériault a répondu que des enquêtes indépendantes ont été menées, tout en ajoutant qu’elles ont été menées par la Sûreté du Québec, ce qui peut sembler contradictoire.

«À compter de la mi-mai, c’est les enquêtes indépendantes de la Sûreté du Québec qui ont mené… Mais je veux rassurer la population: ce ne sont pas des policiers de Val d’Or. (…) Au ministère de la Sécurité publique, j’ai demandé à mon sous-ministre de demander à quelqu’un de la vérification de nos enquêtes internes», a-t-elle dit.

Le premier ministre Philippe Couillard est aussi venu à sa rescousse. «L’enquête a été rapidement commencée par des personnes qui sont dans les corps policiers, mais indépendants du poste ou du territoire où les éléments ou les incidents se seraient produits», a-t-il dit.

M. Péladeau a réclamé que les enquêtes soient confiées au Bureau des enquêtes indépendantes, la nouvelle instance qui a pour mission de mener des enquêtes sur tout événement impliquant un agent de la paix ainsi que sur des allégations relatives à une infraction criminelle commise par un tel agent.

M. Couillard a toutefois écarté cette requête de l’opposition. Selon lui, cela aurait étiré indument les délais.

«Le Bureau d’enquêtes indépendantes n’est pas encore en place, n’est pas encore fonctionnel. Je pense qu’on aurait été blâmés si on avait dit à cette Assemblée: Bien, on va attendre que le bureau soit en place pour commencer l’enquête», a-t-il dit.

Le premier ministre a par ailleurs condamné avec fermeté les actes rapportés, même si aucune accusation n’a encore été déposée. Il présume que l’enquête confirmera que des actes répréhensibles ont été commis.

«On doit tous non seulement déplorer, mais condamner fortement ces actes _ si tant est qu’ils soient corroborés par l’enquête, et on peut assumer qu’ils le seront _ et il n’y a aucune tolérance possible dans notre société pour quelque acte d’oppression que ce soit, et particulièrement de la part de personnes qui exercent des fonctions d’autorité, et particulièrement vis-à-vis des populations qui sont déjà en position vulnérable par leur statut de femmes minoritaires, par leur statut de femmes autochtones en particulier», a dit M. Couillard.