Robert Latimer en appelle de la décision de la Commission des libérations conditionnelles qui l’empêche de voyager librement à l’étranger.
M. Latimer avait été condamné en 1997 pour le meurtre au deuxième degré de sa fille de 12 ans, Tracy, qui souffrait de paralysie cérébrale grave. Le fermier de la Saskatchewan l’avait asphyxiée avec les gaz d’échappement de sa camionnette, en 1993, pour, a-t-il plaidé, mettre un terme aux souffrances chroniques et cruelles de l’adolescente.
Latimer avait écopé de la peine la moins sévère pour ce genre de crimes — la prison à perpétuité avec possibilité de libération conditionnelle après 10 ans —, alors que le jury recommandait une peine encore plus clémente. Il a obtenu sa libération conditionnelle totale en 2010.
En 2013, la commission avait rejeté la requête de Latimer de quitter le Canada avant de présenter d’abord une demande de passeport temporaire. Il en avait appelé sans succès de cette décision à la section d’appel de la commission, puis s’était adressé à la Cour fédérale.
Or, ce tribunal a estimé en septembre dernier que l’agriculteur de 60 ans ne constituait pas une menace probable à la sécurité publique, et qu’on ne devrait pas l’empêcher de voyager hors du pays. La cour avait alors ordonné à la section d’appel de la Commission nationale des libérations conditionnelles de réexaminer cette condition de libération.
Mais deux mois plus tard, la commission maintenait sa décision, estimant que M. Latimer n’avait pas fait la preuve qu’il pouvait se présenter aux autorités en toute transparence. Dans sa décision, la commission admet que M. Latimer représente un risque faible pour la société, mais s’inquiète que son état d’esprit n’ait pas changé face aux gestes posés.
«Vous niez toujours qu’il s’agit d’un meurtre, et vous croyez que c’était la bonne chose à faire. Or, cela constitue un élément de risque», a estimé la commission.
Son avocat, Jason Gratl, soutient que ces conditions de libération sont déraisonnables compte tenu de l’absence de menace réelle que représente M. Latimer. «Je crois qu’à ce point-ci, il est assez raisonnable de croire que la Commission nationale des libérations conditionnelles poursuit une espèce de vendetta contre M. Latimer», a laissé tomber Me Gratl.
L’avocat a indiqué que si les restrictions de déplacements sont levées, M. Latimer informera toujours son agent de libération conditionnelle de ses allées et venues, et qu’il gardera le contact, par téléphone, de l’étranger.