Le Canada critiqué pour son faible niveau d’engagement en Amérique Latine

PANAMA CITY – Le Canada n’a pas encore désigné de nouvel ambassadeur à l’Organisation des États américains (OEA) qui organise le Sommet des Amériques en fin de semaine, au Panama, ce qui soulève des questions sur son réel niveau d’engagement en Amérique Latine, selon certains experts.

Le gouvernement du Canada insiste qu’il n’y a rien d’anormal à laisser une chaise vide à l’OEA, même si l’ancien représentant a quitté déjà depuis le mois de novembre.

Or, pour plusieurs spécialistes, cette absence prouve que l’influence du Canada dans la région s’affaiblit de plus en plus et suscite des interrogations sur sa volonté de contribuer au sein de l’organisation qui coordonne l’événement au Panama— auquel participe le premier ministre Stephen Harper.

Peter Hakim, du groupe de réflexion Inter-American Dialogue s’est dit déçu qu’Ottawa ne nomme pas un nouvel ambassadeur malgré la tenue du Sommet des Amériques, reconnaissant toutefois que le Brésil et les États-Unis n’en avaient pas non plus. Il a affirmé que le Canada avait disparu de «l’écran radar» de l’Amérique Latine au cours des dernières années et particulièrement dans les derniers mois.

Dans un courriel qu’il a fait parvenir à La Presse Canadienne, M. Hakim a rappelé que M. Harper, lors de son élection, avait fait de l’Amérique Latine une priorité — ce qui n’est pas du tout arrivé, selon lui.

Bien que le Canada ait reconduit son soutien financier à l’OEA, son aide est plus ciblée et considère moins la région comme un ensemble, a-t-il remarqué.

Une porte-parole du gouvernement du Canada a cependant assuré que le Canada continuait d’être bien représenté dans l’organisation par son chef de mission adjoint. Un ambassadeur sera nommé dans les prochains mois, a ajouté Caitlin Workman.

Au Panama, Stephen Harper s’entretiendra avec ses homologues pour faire la promotion des droits de la personne, de la sécurité et de la démocratisation dans la région.

Le spécialiste de l’Amérique latine au groupe de réflexion Canada West Carlo Dade croit cependant que la présence d’un ambassadeur est nécessaire pour que le message du premier ministre ait de l’influence.

«Si on ne joue pas un rôle de chef de file et qu’on ne veut rien retirer du sommet, on peut s’en sortir sans ambassadeur», a ironisé M. Dade, qui s’inquiète aussi de la vente de la résidence de l’ancien ambassadeur.

«Une atmosphère différente régnait à la résidence par rapport à l’OEA, au bureau d’un diplomate et à l’ambassade. Je ne sais pas comment on fera de la diplomatie (aussi) efficace sans elle», a-t-il indiqué.

Selon la porte-parole du gouvernement, la résidence a été vendue en juillet afin d’économiser de l’argent.

Le gouvernement canadien s’est malgré tout engagé à aider plusieurs pays d’Amérique latine, vendredi. M. Harper a annoncé une enveloppe de 98,1 millions $ d’aide pour des projets de nature économique à Cuba, au Honduras, au Pérou et au Guatemala.