La séparation du Québec serait viable financièrement, dit Couillard

ROBERVAL, Qc – L’indépendance du Québec est viable financièrement, a déclaré samedi le chef libéral Philippe Couillard, qui met toutefois en garde contre plusieurs années de perturbations.

M. Couillard a soutenu que le Québec est en mesure de prospérer davantage dans le Canada, une situation qu’il juge préférable à la séparation.

Lors d’une étape dans la circonscription de Roberval, où il tente de se faire élire député, M. Couillard a affirmé samedi que le Québec reçoit 16 milliards $ de plus qu’il ne verse à Ottawa, dont 9 milliards $ en péréquation.

Mais le chef libéral a reconnu que le Québec réussirait à survivre financièrement à la suite d’une déclaration d’indépendance.

«Oui, bien sûr, le Québec a les capacités de l’être, mais à quel prix?», a dit M. Couillard en réponse à la question d’une journaliste, lors d’un point de presse à Roberval.

Par la suite, à Dolbeau-Mistassini, lors d’un deuxième échange avec les journalistes qui suivent sa caravane électorale, M. Couillard a estimé que, même «viable», la situation d’un Québec indépendant ne le satisferait pas.

«Viable, c’est: tu restes en vie, a-t-il dit. Tu restes en vie, mais tu ne vas pas bien plus loin.»

Plus tôt, M. Couillard a rappelé que la chef péquiste Pauline Marois avait déjà évoqué une période de cinq ans de perturbations, une estimation optimiste selon le chef libéral, qui parle plutôt de dix ans.

«C’est des années de perturbations majeures dans les services publics, dans le Québec», a-t-il dit.

En observant samedi que le Québec surmonterait les difficultés financières qui suivraient une déclaration de souveraineté, M. Couillard a ainsi répété une position déjà exposée par son prédécesseur, l’ancien premier ministre libéral Jean Charest.

Pour M. Couillard, l’indépendance du Québec demeure toutefois inutile car les Québécois sont heureux et prospères dans le Canada.

«Si on était humiliés, opprimés, dans une situation dramatique, on pourrait prendre collectivement la décision de se passer de tout ça, a-t-il dit. On est un peuple libre, on est un peuple heureux, on est un peuple qui est en prospérité, en récupération, finalement, de la prospérité et de la modernité ici au Québec. Je ne vois aucune raison pour laquelle priver les Québécois de leur citoyenneté canadienne.»

Sans préciser d’échéancier, M. Couillard a affirmé que son objectif est de faire en sorte que le Québec cesse de recevoir des paiements de péréquation, un programme fédéral visant à redistribuer la richesse à travers le pays, aux provinces moins favorisées, dont l’Ontario notamment.

«Je ne donnerai pas d’échéancier précis, car c’est très hasardeux de le faire parce que ça dépend des conditions économiques internationales, nationales, de la devise, a-t-il dit. Il y a tellement de facteurs qui entrent en jeu que ça va être difficile de vous donner une date précise.»

Pour le chef caquiste François Legault, de passage à Québec avec sa caravane électorale, la viabilité économique d’un Québec indépendant n’est pas à l’ordre du jour de la campagne actuelle.

«C’est certain que le Québec serait perdant quand on regarde l’argent qui est envoyé à Ottawa et l’argent qu’on reçoit d’Ottawa, il serait perdant, a-t-il dit. Maintenant, ce n’est pas l’enjeu principal, le Québec serait peut-être dans la moyenne ou peut-être un petit peu en bas de la moyenne des pays.»

M. Couillard a profité de son troisième passage dans la circonscription de Roberval, depuis le déclenchement de la campagne, pour présenter ses engagements pour le secteur forestier, une industrie importante au Lac-Saint-Jean.

S’il est élu le 7 avril dernier, le chef libéral portera les investissements en travaux sylvicoles de la forêt publique à 225 millions $ par année, sur une période de cinq ans. Cette somme inclurait 170 millions $ pour des travaux d’éclaircies pré-commerciales.

M. Couillard créerait un poste de ministre de la Forêt, de la Faune et des Parcs au sein de son gouvernement.

«Il y a là un confluent d’enjeux qu’il est important de ramener sous un même parapluie de façon à faire avancer les dossiers», a-t-il dit.

Les péquistes ont aussi mis les bouchées doubles dans la région, en organisant l’automne dernier un sommet sur la forêt en présence de la chef péquiste Pauline Marois et de Denis Trottier, député péquiste de Roberval, qui avait obtenu une majorité de près de 6000 voix en 2012.

Samedi, M. Couillard, qui a fait son entrée à l’Assemblée nationale en décembre après avoir remporté une partielle dans Outremont, a expliqué qu’il était déterminé à reconquérir Roberval, dans le giron péquiste depuis 2007.

Lors d’un arrêt à Dolbeau-Mistassini, à l’occasion d’une fête de rue sur le thème de la cabane à sucre, le chef libéral n’a pas voulu dire aux journalistes si le pointage de son parti indique qu’il est en position de coiffer M. Trottier.

«Je ne me pose pas ces questions-là, j’ai une équipe extraordinaire de bénévoles, a-t-il. Vous avez vu l’accueil que j’ai eu avec la population, c’est la même chose dans tous les coins du comté.»

M. Couillard a aussi refusé de préciser s’il pourrait demander à un député de lui céder son siège en cas de défaite, comme l’avait fait Robert Bourassa, qui était allé dans Saint-Laurent après avoir été battu dans Bertrand, en 1985.