MONTRÉAL – Les opinions de certains anciens élus divergent lorsqu’ils se prononcent sur l’avenir politique du chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.
Ce dernier doit annoncer, jeudi, s’il entend demeurer à la barre de sa formation en dépit du fait qu’il n’est pas parvenu à obtenir de siège à Ottawaà l’occasion des deux plus récents scrutins fédéraux.
Johanne Deschamps, qui représentait auparavant la circonscription de Laurentides-Labelle aux Communes, espère de tout coeur que M. Duceppe s’accrocheramalgré ses revers de fortune.
Cette ex-députée bloquiste continue de croire qu’il est «l’homme de la situation» vu sa «rigueur», sa «vaste expérience», ses «excellentes idées» et sa capacité à «maîtriser ses dossiers sur le bout de ses doigts».
Elle estime que Gilles Duceppe a su démontrer de manière incontestable qu’il a toujours sa place dans l’arène publique et qu’il a la capacité de rebondir en situation d’adversité lors de la dernière campagne.
Mme Deschamps est d’avis qu’il a alors su dynamiser de nouveau un parti qui, aux yeux de plusieurs observateurs, était devenu carrément moribondaprès sa débandade de 2011.
«Quatre ans plus tard, il était très bon, il était présent sur le terrain. Il a tout donné pour pouvoir réunir autour de lui un maximum de gens […]. Son retour a créé une espèce de mouvance chez les militants», analyse-t-elle.
Son ancien collègue Claude Bachand pèse davantage ses motslorsqu’il dresse le bilan de la course électorale qui vient de se terminer.
«Je trouve que M. Duceppe a quand même eu du mérite de revenir. [Cependant,] je vous avoue que ça manquait d’originalité. Il faisait le même type de campagne qu’auparavant. Ce n’était pas nécessairement mauvais mais […] je me suis rendu compte que ce n’était pas ça que les citoyens voulaient», juge-t-il.
Cet ancien député bloquiste de Saint-Jean reconnaît ouvertement que Gilles Duceppe est «un personnage extrêmement brillant».
Par contre, il pense qu’il doit passer le flambeau à quelqu’un d’autre qui pourrait insuffler un vent de renouveau au sein de la seule formation indépendantiste représentée au Parlement canadien.
«Ça ne va pas bien. Il faut s’en rendre compte. Ça va être difficile si on ne change pas notre fusil d’épaule. Si on ne fait pas un examen de conscience, la pente va être dure à remonter», évalue M. Bachand.
Il soutient que l’éventuel successeur du leader bloquiste n’aurait pas nécessairement besoin d’être issu de la députation actuelle.
«S’il y a des gens qui se manifestent et que la société leur fait confiance, je ne vois pas pourquoi on leur refuserait la possibilité de devenir chef. Il pourrait y avoir des candidats qui se développeraient, qui auraient une grande crédibilité et une capacité d’accrocher l’imaginaire populaire», envisage-t-il.
Claude Bachand admet du bout des lèvres que le défi pourrait l’intéresser, mais il s’empresse de nuancer sa position.
«J’aimerais ça, c’est sûr, mais il faudrait que je me fasse plus connaître, que des gens m’approchent pour me dire: »tu devrais essayer ». Si je n’ai pas ça, moi, je n’y vais pas. Je ne m’imposerai pas», conclut-il d’un ton catégorique.