Les policiers s’attaquent à des cyberfraudeurs oeuvrant à vaste échelle

MONTRÉAL – Une vaste opération internationale impliquant les services policiers de plus d’une douzaine de pays démontre jusqu’à quel point la cybercriminalité ne connaît aucune frontière.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a annoncé lundi avoir participé à une opération initiée et dirigée par le FBI américain visant à perturber, sinon paralyser, un réseau mondial de cybercriminels lié au crime organisé russe.

Vendredi dernier, le 30 mai, les policiers ont ainsi bloqué une douzaine de serveurs informatiques, dont deux se trouvaient à Montréal. Les dix autres se trouvaient dans 10 pays différents.

Les malfaiteurs avaient créé un «botnet», soit un vaste réseau d’ordinateurs personnels appartenant à des victimes innocentes, infectés et contrôlés à distance.

Entre 500 000 et un million d’ordinateurs auraient ainsi été infectés dans 226 pays.

Le réseau botnet, surnommé GameOver Zeus, était utilisé soit pour voler des informations bancaires des victimes et les dépouiller de leurs avoirs ou encore d’usurper leur identité.

Il était aussi utilisé pour propager ce que les experts nomment désormais un «rançongiciel», surnommé celui-là Cryptolocker. Dans ce cas, il s’agit d’un logiciel malveillant qui encrypte les données d’un ordinateur, rendant celui-ci inutilisable. La victime a alors 72 heures pour payer une rançon, habituellement de 300 $, pour que son ordinateur soit déverrouillé, sans quoi la clé d’encryption s’autodétruit et les données de l’ordinateur sont perdues pour de bon.

Les enquêteurs évaluent à plus de 100 millions $ les pertes potentielles entraînées par le botnet GameOver Zeus.

Au Canada, l’enquête a permis d’évaluer que ce logiciel malicieux aurait fait plus de 5000 victimes, une fraude qui pourrait totaliser près de 1,5 million $. La GRC a de bonnes pistes quant aux responsables de la location des deux serveurs montréalais et l’enquête se poursuit.

L’opération a mis à contribution des policiers à travers le monde, des États-Unis et du Canada à l’Australie et la Nouvelle-Zélande en passant par la France, l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni et l’Ukraine, pour ne nommer que ceux-là.

Le FBI a émis un avis de recherche et offre une récompense importante en échange de renseignements qui pourraient mener à l’arrestation de la tête dirigeante, Evgeny Mikhailovich Bogachev.

La GRC rappelle que les logiciels malicieux se répandent souvent par téléchargement, liens Internet ou pourriels. Au-delà d’un bon antivirus, il est recommandé de ne jamais ouvrir des courriels inconnus et de ne pas cliquer sur des liens Internet douteux. Les policiers précisent qu’il ne faut jamais envoyer d’argent dans ce genre de situation et qu’il est préférable de se tourner vers un spécialiste en informatique.