Ontario: une coalition se bat contre le transfert de soins au privé

TORONTO – Le gouvernement libéral de l’Ontario fait courir des risques au programme d’assurance-maladie et aux hôpitaux avec son plan visant à transférer une vaste gamme de services à des cliniques privées qui coûteront plus cher aux patients, a mis en garde lundi une coalition vouée à la défense du système public.

L’Ontario Health Coalition affirme qu’on menacerait directement le système de santé public en privatisant des procédures médicales telles que les services de diagnostic, la physiothérapie et des opérations comme le retrait des cataractes. Au dire de la directrice exécutive Natalie Mehra, il s’agit là d’un «pas de géant» vers un style de privatisation à l’américaine.

Mme Mehra souligne également que pratiquement toutes les cliniques privées facturent leurs frais au système public, en plus de réclamer des frais d’utilisateurs supplémentaires aux patients, «ce qui, a-t-elle soutenu, est illégal en vertu de la Loi canadienne de la santé, mais monnaie courante dans les cliniques privées».

Les patients se rendant au privé en Ontario peuvent ainsi devoir débourser jusqu’à 1300 $ de plus pour se faire opérer pour des cataractes, poursuit Mme Mehra.

La ministre de la Santé, Deb Matthews, n’était pas disponible pour commenter, lundi, mais son cabinet a indiqué que le gouvernement s’était engagé à «transférer davantage de procédures de routine, peu risquées, dans la communauté» en faisant appel à des cliniques sans but lucratif.

Le cabinet de la ministre rappelle cependant que les cliniques doivent prévenir les patients des frais pour les services non assurés, et que ces services sont optionnels.

La campagne de la Coalition reçoit l’appui du regroupement syndical Unifor, qui souligne l’existence de problèmes de contrôle de la qualité dans certaines cliniques, et qu’un tel délestage n’allégera peut-être pas le fardeau financier des contribuables en santé.

La Coalition soutient que le plan du gouvernement libéral entraînera une pression encore plus accrue sur le système public, en permettant aux cliniques privées d’attirer le personnel et de ne traiter que les patients les plus en santé.

«Les hôpitaux locaux perdront du financement, leurs rares spécialistes et leurs infirmières au profit des cliniques privées, mais devront tout de même s’occuper des cas les plus graves dont le privé ne voudra pas parce qu’ils ne seront pas rentables», a lancé Mme Mehra, qui soutient par ailleurs que les libéraux n’ont jamais soumis cette idée à un vote à l’Assemblée législative.