MONTRÉAL – Le dialogue de sourds entre le gouvernement Harper et les partenaires provinciaux quant à la question du péage sur le futur pont Champlain s’est poursuivi, lundi, malgré une autre rencontre entre les parties.
La présentation du modèle d’affaires pour le futur ouvrage, effectuée à Montréal par le ministre fédéral de l’Infrastructure, Denis Lebel, a laissé les intervenants québécois sur leur faim.
Le ministre québécois des Transports, Sylvain Gaudreault, son collègue aux Affaires gouvernementales, Alexandre Cloutier, le maire de Montréal, Denis Coderre, et la mairesse de Longueuil, Caroline St-Hilaire, ont déploré le peu de détails fournis par Ottawa.
«Nous considérons qu’il reste des éléments à compléter, a commenté M. Gaudreault, qui s’est montré le plus poli. Nous souhaitons avoir beaucoup plus d’éclaircissements quant au niveau de financement envisagé pour le futur pont.»
La mairesse de Longueuil a été plus incisive.
«Ce n’est pas un plan d’affaires qu’on nous a présenté, c’est davantage la vision du gouvernement fédéral sur le nouveau pont, a-t-elle dit. Je pense que j’aurais dû rester en semaine de relâche (scolaire) finalement.»
Le ministre Lebel a cependant justifié l’absence de certains détails, affirmant que l’entreprise qui doit réaliser le projet en partenariat public-privé (PPP) n’avait pas été sélectionnée.
«Des gestionnaires de fonds publics voudraient que l’on divulgue de l’information privilégiée qui aurait de l’incidence sur le prix du pont (entre 3 et 5 milliards $), a dit M. Lebel. On ne peut pas faire cela. Chaque élément sensible peut avoir une incidence sur le coût du projet.»
Unanimement opposés au péage, les quatre élus québécois ont surtout critiqué l’absence d’informations quant aux effets de l’implantation du péage sur la structure, qui doit être livrée en 2018, si tout se déroule comme prévu.
«On vous le dit depuis le début: quand on en met un (péage) on va en mettre partout et nous aurons l’effet de trou de beigne qui va avoir un impact économique épouvantable pour Montréal», a souligné le maire Coderre.
Selon le maire, le gouvernement Harper pourrait revenir sur sa décision et éliminer le péage si les détails entourant l’implantation de cette mesure n’étaient pas inclus dans le contrat de partenariat public-privé.
Le ministre fédéral de l’Infrastructure a cependant confirmé que c’est l’entreprise qui sera sélectionnée pour le PPP qui aura le mandat d’implanter le péage, ajoutant qu’il n’y aurait pas de nouveau pont Champlain sans péage.
«Que des gens ne veulent pas avoir de péage sur un pont, je peux comprendre, a-t-il nuancé. Par contre, nous allons devoir payer ce pont. L’argent ne tombera pas des arbres. Pour nous, il est important d’avoir une partie utilisateur-payeur.»
M. Lebel a cependant indiqué que les prix du droit de passage n’ont pas encore été déterminés.
La question du système léger sur rail (SLR) sur le nouvel ouvrage a également été de nouveau au coeur des revendications des partenaires provinciaux.
Le ministre Cloutier a expliqué que le gouvernement Marois demandait 1 milliard $ à Ottawa dans le cadre du volet au mérite du Fonds Chantiers Canada, une initiative fédérale qui doit entrer en vigueur le 1er avril prochain.
M. Lebel n’a pas fermé la porte à la proposition de Québec, rappelant qu’elle serait évaluée «au mérite». Il a également suggéré au gouvernement Marois d’utiliser des sommes du gouvernement fédéral déjà disponibles pour le transport en commun.
Le ministre fédéral a également annoncé que le gouvernement Harper lancera le 17 mars les demandes de qualifications en lien avec la construction du futur pont Champlain.
Selon lui, ce processus permettra d’identifier, dès le mois de juin, les trois finalistes pour la signature d’une entente de partenariat public-privé avec Ottawa, qui devrait se faire en juillet 2015.