QUÉBEC – Jean-Martin Aussant commet une erreur lorsqu’il plaide pour un changement de garde chez les têtes d’affiche du Parti québécois, estime Bernard Drainville.
Le PQ a tout ce qu’il faut pour se renouveler en profondeur sans exclure ses figures de proue, a soutenu l’aspirant potentiel à la direction du PQ, mercredi, à l’entrée d’une réunion du caucus péquiste au Salon rouge de l’Assemblée nationale.
«On ne peut pas juste dire: »le Parti québécois n’est pas un bon parti et les gens qui y sont devraient tous sacrer leur camp », voyons donc! Je pense qu’il faut travailler avec les gens qui sont là et en amener d’autres», a déclaré M. Drainville en réaction à la sortie publique de M. Aussant.
Dans une lettre publiée dans le quotidien Le Devoir, l’ex-député péquiste et ancien chef d’Option nationale expatrié à Londres suggère ni plus ni moins que le PQ fasse table rase du passé. Il souhaite que le prochain chef tienne un congrès de refondation duquel naîtrait un tout nouveau parti souverainiste.
Plus encore, il juge impérieux d’opérer un changement de garde, comparant le PQ à un navire échoué dont le renflouement serait confié à l’équipage responsable du naufrage.
«Qu’on ne redonne pas le Costa Concordia au même équipage. Les naufrageurs «entourageux» seront toujours bienvenus comme passagers mais pas trop près de la cabine du capitaine», écrit M. Aussant, une allusion, selon certains, aux ténors de l’ancien gouvernement Marois comme M. Drainville et Jean-François Lisée, un autre candidat pressenti à la chefferie.
En point de presse, M. Drainville a rejeté l’allégorie de son ex-collègue. Le Parti québécois est dirigé par de «belles têtes» et M. Aussant est bienvenu à bord, a fait valoir le député de Marie-Victorin.
«Oui, on a besoin de se renouveler mais les gens qui sont autour de la table, les membres, ce sont du bon monde et il y a moyen de travailler avec ça, avec toutes ces belles têtes. Regardez tout ce qu’on a comme équipe. Si Jean-Martin veut changer le Parti québécois, qu’il vienne nous rejoindre», a-t-il soulevé.
Ancienne recrue vedette du Parti québécois _ il a claqué la porte en 2011 pour former Option nationale _ M. Aussant critique ouvertement l’attentisme de MM. Drainville et Lisée qui rejettent l’idée de tenir un référendum dans un premier mandat de gouvernement. Dans sa lettre, il s’affiche dans le camp des «pressés».
«Retarder l’audace, c’est ne pas en avoir. Reporter l’urgence, c’est de ne pas la reconnaître. Je crois fermement que les convictions assumées peuvent encore faire gagner des élections», affirme-t-il.
À cela, M. Drainville a servi cette réplique: «Ce n’est pas en répétant le mot référendum 100 fois par jour qu’il va arriver plus vite et ce n’est pas en répétant le mot référendum 100 fois par jour qu’on va convaincre un seul Québécois de devenir indépendantiste. (…) Faut prendre le temps d’arriver là, et ça prend un plan. J’en mets un de l’avant, il n’est sans doute pas parfait mais il prévoit un horizon très clair, 2023».
Appelé à commenter à son tour, M. Lisée a vanté les qualités de pédagogue de l’ex-élu de Nicolet-Yamaska, l’invitant à quitter la Grande-Bretagne et à revenir au Québec se mettre au service de la cause. Le mouvement indépendantiste québécois manque de pédagogues, selon M. Lisée.
«Ce dont on a besoin dans le mouvement indépendantiste, ce sont d’excellents pédagogues parce que tous ceux qui ont 35 ans (et moins) aujourd’hui n’ont pas participé au référendum et la moitié d’entre eux n’étaient pas nés. Jean-Martin Aussant est un excellent pédagogue, on aurait besoin de lui, ici au Québec, maintenant, pour nous aider à redonner le goût de l’indépendance aux Québécois», a-t-il dit.
Lui aussi en réflexion sur la possibilité de se lancer dans la course, Alexandre Cloutier considère M. Aussant comme un «joueur incontournable» du mouvement souverainiste à qui il faut réserver une «place de choix» au sein du Parti québécois. M. Cloutier a d’ailleurs indiqué qu’il rencontrera M. Aussant à Londres la semaine prochaine pour partager «en long et en large» leurs réflexions communes.
C’est normal que monsieur Drainville sois sur la défensive, quand on a pas de vision et de jugement comme lui.