
L’après-midi du 20 février 2009, quelques heures avant de poignarder ses enfants, Guy Turcotte est allé louer des films avec eux. Il a aussi acheté le coffret Les cités d’or. Hier, au cours du contre-interrogatoire de la psychiatre de la Couronne, la Dre France Proulx, l’avocat de l’accusé a voulu savoir ce que cela pouvait indiquer.
«Le fait que M. Turcotte achète le coffret Les cités d’or, qui comporte un certain nombre d’épisodes, n’y a-t-il pas là l’idée que la personne se projette dans l’avenir?» a demandé Me Pierre Poupart.
«Il avait des plans pour la soirée: regarder des films», a répondu la psychiatre. L’experte a relaté ce que l’accusé lui avait raconté au sujet du début de cette soirée fatidique: il avait préparé le souper — du spaghetti —, le repas s’était bien déroulé et les enfants avaient regardé un film de Caillou. Quant au coffret, il l’avait acheté parce qu’il lui rappelait de «beaux souvenirs d’enfance».
«Il n’y avait pas d’autre plan que de regarder un film», a conclu la Dre Proulx.
«Pourquoi utilisez-vous le mot “plan”?» l’a interrogée Me Poupart.
«Je l’utilise au sens large, au sens de “plan pour la soirée”», a précisé la Dre Proulx.
«Je vais poser ma question autrement, a repris Me Poupart en haussant le ton. Est-ce qu’il y a eu une planification quelconque de causer la mort des enfants?»
La Dre Proulx a réitéré qu’elle pouvait seulement conclure que l’accusé avait l’intention de regarder des films ce soir-là.
Guy Turcotte est accusé des meurtres prémédités d’Olivier et d’Anne-Sophie. Il plaide la non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux.
Après avoir couché les enfants, vers 19 h, selon ses souvenirs, il a décidé de s’installer à l’ordinateur au lieu de regarder le film qu’il avait loué pour lui-même. L’ordinateur a été utilisé à quelques reprises entre 18 h 27 et 20 h 09, selon l’analyse qu’en a faite la Sûreté du Québec. Guy Turcotte a consulté les courriels échangés par son ex-conjointe, Isabelle Gaston, et l’amant de cette dernière, Martin Huot. Il a ensuite consulté des pages sur le suicide, le méthanol et l’éthylène glycol.
Hier, Me Poupart a demandé à la psychiatre de la Couronne comment ces idées suicidaires s’étaient imposées à l’accusé.
« L’idée de mourir lui est venue progressivement, pendant qu’il lisait les courriels, a-t-elle répondu. Il ne s’est pas levé ce matin-là avec l’idée de se suicider.» La psychiatre a diagnostiqué un trouble d’adaptation avec humeur dépressive; les symptômes que Guy Turcotte présentait ne l’empêchaient pas de savoir ce qu’il faisait, a-t-elle dit.