Importante opération policière contre la pornographie juvénile: 28 arrestations

MONTRÉAL – La Sûreté du Québec (SQ) a réalisé jeudi son plus gros coup de filet en matière de pornographie juvénile dans la province, qui s’est jusqu’ici soldé par l’arrestation de 28 hommes dans plus de 25 municipalités.

Le projet Mainmise, qui s’est mis en branle au cours de l’été, a également permis d’identifier un garçon de cinq ans victime de sévices sexuels.

«Il y en aura probablement d’autres (victimes), a laissé tomber le lieutenant Jean Lafrenière, responsable des enquêtes sur l’exploitation sexuelle des enfants sur Internet de la SQ. L’enfant de cinq ans était dans l’entourage d’une personne arrêtée.»

La plupart des suspects, qui sont âgés de 21 à 68 ans, ont déjà comparu au tribunal. D’autres devaient être conduits au palais de justice de leur district judiciaire.

Jusqu’ici, plus de 61 chefs d’accusation ont été déposés pour possession, distribution ainsi que production de pornographie juvénile.

M. Lafrenière a précisé que dans certains cas, des accusations d’agression sexuelle pourraient être déposées.

«Un des individus était, depuis le début de l’enquête, la personne qui distribuait en plus grande quantité ce matériel à des internautes partout dans le monde», a souligné le lieutenant Lafrenière.

Les arrestations ont eu lieu aux quatre coins de la province, de La Sarre en Abitibi-Témiscamingue, en passant par Gatineau, Montréal, Terrebonne, Longueuil, Saguenay, Baie-Comeau, Sept-Îles ainsi que Grande-Rivière en Gaspésie, notamment.

Des récidivistes figurent également parmi les personnes arrêtées. «Un individu avait déjà été arrêté par des enquêteurs il y a quelques années alors qu’il commettait du leurre», a précisé le lieutenant Lafrenière.

Le centre Portage de Prévost, qui aide les toxicomanes à se libérer de leurs dépendances, a annoncé que son directeur, François Bourdon, faisait partie des personnes arrêtées par la SQ.

Il est accusé d’avoir accédé, possédé et distribué du matériel de pornographie juvénile dans son ordinateur à domicile, selon le centre. Il a été immédiatement retiré de ses fonctions.

Pour l’instant, rien n’indique que les accusés étaient reliés à un réseau organisé.

«L’analyse des systèmes informatiques pourrait éventuellement déterminer que certains liens existaient entre ces personnes», a prévenu le responsable des enquêtes sur l’exploitation sexuelle des enfants sur Internet de la SQ.

Les 31 perquisitions réalisées par les 330 agents de la SQ ont permis de mettre la main sur 28 ordinateurs, 1300 CD et DVD, 12 disques durs externes et 39 clés USB.

La SQ estime avoir mis la main sur plusieurs centaines de milliers de fichiers, peut-être des millions. La pluparts des fichiers saisis provenaient de l’étranger, a précisé la SQ.

Au moment de la conférence de presse, jeudi avant-midi, neuf perquisitions étaient toujours en cours. Elles devraient permettre de déposer une trentaine de chefs supplémentaires.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) et une multitude de corps policiers municipaux qui ont collaboré à l’opération ont également procédé à des arrestations.

Depuis la mise en place de la stratégie provinciale de lutte contre l’exploitation des enfants sur Internet, en 2012, plus de 150 arrestations ont été réalisées et 600 chefs d’accusation ont été déposés pour ce genre d’infractions, selon la SQ.

De plus, au moins 40 victimes ont été identifiées au Québec grâce à ces enquêtes, ajoute le corps policier.

Le ministre fédéral de la Justice, Peter MacKay, qui participait jeudi à une conférence sur la sécurité à Halifax, a estimé que ces arrestations montraient que les lois «ont l’effet désiré».

«En tant que gouvernement, nous avons fait notre priorité de renforcer la législation concernant la pornographie juvénile, les agressions sexuelles, et c’est pourquoi dans plusieurs cas, nous avons introduit des peines minimales obligatoires», a affirmé M. MacKay.

«Cela envoie le signal clair que certains crimes sont si odieux et d’une telle nature qu’ils requièrent l’emprisonnement et l’isolement du reste de la société. C’est le message que nous continuerons à envoyer et nous nous penchons sur d’autres dispositions du Code criminel pour présenter un projet de loi cet automne.»