Protection de l’environnement: Québec songe à imposer de nouvelles taxes

QUÉBEC – Le gouvernement Couillard songe à imposer de nouvelles taxes pour forcer la main aux contribuables peu enclins à protéger l’environnement.

De gré ou de force, les Québécois devront donc contribuer à réduire les gaz à effet de serre, en vertu du noble principe d’«écofiscalité», qui pourrait avoir pour effet d’alourdir le fardeau fiscal des contribuables, en particulier celui des automobilistes.

Une taxe additionnelle sur l’essence, une surtaxe sur les grosses cylindrées, l’application du principe du pollueur-payeur, divers «incitatifs négatifs» destinés aux automobilistes, voilà autant d’«exemples» de mesures qui pourraient retenir l’attention du ministre des Finances, Carlos Leitao, en préparant son prochain budget.

M. Leitao se dit bien déterminé à utiliser la fiscalité comme levier pour améliorer le bilan environnemental du Québec.

Aucune décision n’est encore prise, a précisé le ministre Leitao, jeudi, en rendant publique, avec son collègue de l’Environnement, David Heurtel, la stratégie gouvernementale de développement durable 2015-2020.

Un groupe de travail sera créé dans les prochains mois pour définir les mesures fiscales à privilégier, éventuellement incluses dans le prochain budget Leitao, attendu le printemps prochain. L’exercice fait suite à la Commission Godbout de révision de la fiscalité québécoise.

«Il faut avoir les moyens qui vont accompagner, dans certains cas forcer, le changement de comportement. C’est inévitable», a soutenu le ministre des Finances, en conférence de presse.

«Il ne faut pas avoir peur des mots», a dit le ministre Leitao, en parlant d’éventuelles «éco-taxes». Car le développement durable, «ça n’arrive pas par le Saint-Esprit», a ajouté le ministre.

«Soyons pas naïfs: si on veut réduire les émissions de gaz à effet de serre, il faut changer nos comportements. Et pour changer nos comportements, il faut avoir les mesures qui vont contribuer à faire ça. Ça viendra pas tout seul», a-t-il soutenu.

Malgré cela, le ministre des Finances se défend bien de vouloir augmenter en douce le fardeau fiscal des contribuables, sous prétexte de protéger l’environnement.

«Ce n’est pas un exercice d’augmentation du fardeau fiscal des Québécois», a-t-il martelé, car «si on génère des revenus additionnels par des mesures d’écofiscalité, ces revenus-là seront recyclés dans l’économie».

Il a ajouté que l’écofiscalité incluait aussi dans son esprit des mesures incitatives, comme le rabais gouvernemental allant jusqu’à 8000 $ déjà offert par Québec pour l’achat d’une voiture électrique.

«C’est en sauvant la planète que nous allons créer l’économie du 21e siècle», a indiqué le ministre, se disant convaincu que toute stratégie de lutte aux changements climatiques devait être arrimée à une stratégie économique.

Le ministre de l’Environnement et du Développement durable, David Heurtel, a indiqué pour sa part qu’il fallait comparer le coût des mesures fiscales envisagées avec celui «de ne rien faire».

«Si on fait un exercice complet de cohérence sur cette question, a-t-il fait valoir, il faut, de l’autre côté, faire l’exercice des coûts des changements climatiques sur la santé, le coût sur nos infrastructures, les inondations, l’érosion côtière, tout ce que cela va coûter.»

Le coût actuel des changements climatiques est énorme au Québec, a ajouté le ministre Heurtel.

Dans le cadre de cette stratégie, Québec va également mener une campagne de sensibilisation aux changements climatiques et préparer une politique sur la qualité de l’air, prévue en 2016.

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