Rebuffade à l’aile jeunesse du PLQ: Couillard réaffirme la valeur des cégeps

SHERBROOKE, Qc – Le premier ministre Philippe Couillard n’a pas perdu de temps pour mettre au pas la commission-jeunesse du Parti libéral du Québec (PLQ), en réaffirmant samedi l’importance des cégeps dans le système d’éducation québécois.

Il n’est pas question d’abolir les cégeps, a soutenu le premier ministre, tout en admettant qu’il fallait mieux arrimer la formation collégiale aux besoins du marché du travail.

Du même souffle, M. Couillard a aussi rejeté d’emblée d’autres suggestions formulées par son aile jeunesse, notamment la remise en question de la connaissance de la langue française dans la sélection des immigrants, de même que la privatisation souhaitée de la SAQ.

Ce 32e congrès s’annonce difficile pour la commission-jeunesse du PLQ, qui ne semble pas sur la même longueur d’ondes que son chef.

Sitôt proposée, sitôt rejetée, l’idée d’abolir les cégeps s’est donc transformée en rebuffade pour l’aile jeunesse du PLQ, réunie tout le week-end en congrès à Sherbrooke, à l’Université Bishop’s. Cette proposition était pourtant au coeur des revendications des jeunes libéraux, soucieux de transformer le système d’éducation en lieu de formation épousant les besoins des futurs employeurs.

Samedi après-midi, la proposition de l’exécutif a été entérinée en plénière, mais de justesse, par les jeunes militants du PLQ, et ce, même si quelques heures plus tôt le premier ministre l’avait rejetée.

Le rôle du système d’éducation «est de préparer les jeunes à l’emploi, mais également de leur offrir une culture générale assez solide», a tranché le premier ministre, ajoutant qu’il ne changerait pas d’idée sur la question, en point de presse, samedi midi, sur les lieux du congrès.

Le cégep, a-t-il soutenu, «est un foyer important de développement économique».

«Le gouvernement doit avoir une distance par rapport à la formation politique», a aussi rappelé le chef du parti à ceux qui l’auraient oublié au sein du PLQ.

Le vote sur la résolution hostile au cégep a été serré, nécessitant un recomptage.

Malgré un soleil radieux, entre 300 et 400 jeunes libéraux avaient accepté de s’enfermer tout le week-end pour deviser autour du thème «Avoir la tête à l’emploi».

Mais l’enjeu principal du congrès porte sur le système d’éducation, quant à son rôle dans la préparation des jeunes au marché du travail.

La remise en question de l’existence même des cégeps était au coeur des discussions. Les jeunes libéraux prônent l’abolition de ces collèges, un modèle qu’ils jugent dépassé et ne répondant plus aux besoins des employeurs du 21e siècle.

Ils proposent donc d’adopter le modèle suivant: après le secondaire cinq, les jeunes intéressés par une formation technique entreraient directement dans une grande école de métiers, tandis que ceux qui souhaitent fréquenter l’université effectueraient un secondaire 6, soit une année préparatoire aux études supérieures, suivie d’une année universitaire additionnelle.

Les jeunes libéraux veulent surtout favoriser un modèle d’écoles utilitaires, appelées à former de futurs employés qui répondent aux attentes des entreprises, donc moins centré sur l’apprentissage d’une bonne culture générale.

Dans le même esprit, les universités seraient invitées à développer davantage de partenariats avec le secteur privé, dans un souci de plus grande compétitivité des entreprises québécoises.

Les jeunes libéraux souhaitent par ailleurs revoir le système actuel d’aide sociale, pour le remplacer par un programme de revenu minimum garanti. Le but de la transformation: inciter davantage de bénéficiaires de l’aide sociale aptes au travail à décrocher un emploi.

Toujours dans le but de favoriser l’accès au marché du travail, le système de sélection des candidats à l’immigration devrait lui aussi être dépoussiéré, pour devenir «plus performant». On devrait notamment accorder moins d’importance à la connaissance de la langue française, selon eux.

Cette avenue a elle aussi été tuée dans l’oeuf par le premier ministre. «La priorité, c’est d’avoir des gens tout de suite employables au Québec et qui, soit connaissent le français à leur arrivée, et c’est de plus en plus souvent le cas, soit qu’ils sont rapidement inscrits dans un programme de francisation», a rappelé M. Couillard.

D’ici la fin du week-end, les jeunes militants devront aussi se prononcer sur d’autres sujets, dont une proposition visant à hausser la limite de vitesse sur les autoroutes, qui passerait de 100 à 120 km/h.

Ils voteront également sur une résolution prônant la privatisation de la Société des alcools du Québec (SAQ). Encore là, le premier ministre a déjà tranché: ce n’est «pas une solution à court terme».