MONTRÉAL — Toujours à la recherche de nouvelles solutions pour libérer des lits d’hôpitaux et améliorer la qualité des soins, Québec lance lundi le déploiement du service d’hospitalisation à domicile. La première phase vise huit CISSS et CIUSSS de la grande région de Montréal et de Québec.
Ces huit premiers territoires sanitaires devraient être en mesure d’offrir ce service aux patients d’ici 2024, a annoncé la ministre déléguée à la Santé et aux Aînés, Sonia Bélanger. Si leur état le permet, les patients qui le souhaitent pourront poursuivre leur traitement à la maison tout en demeurant sous la supervision d’une équipe médicale.
Grâce à des appareils connectés, le personnel médical est en mesure de suivre l’évolution du patient à distance. De manière générale, on remet un iPad au patient et cette tablette est reliée par la technologie sans fil à des senseurs mesurant la pression artérielle, les battements cardiaques, la glycémie ou d’autres indicateurs.
Du même coup, on gagne à réduire le séjour à l’hôpital, ce qui permet d’éviter un déconditionnement plus important. Une conséquence néfaste qui affecte particulièrement les aînés hospitalisés.
On promet par ailleurs que le patient hospitalisé à domicile aura des communications régulières avec son équipe de soins. On lui offrira des visites en personne et des visites virtuelles. Il sera également possible de parler au téléphone avec une infirmière en tout temps.
Si la première phase du projet concerne d’abord le CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal , le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal , le CISSS des Laurentides , le CISSS de Laval , le CISSS de Lanaudière, le CISSS de la Montérégie-Centre et le CHU de Québec-Université Laval, l’objectif vise une implantation dans les 34 établissements et centres de services du Québec.
La ministre déléguée Sonia Bélanger a procédé à l’annonce du projet en compagnie de l’adjoint parlementaire du ministre de la Santé, Youri Chassin, et du président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), le Dr Vincent Oliva.
Le Dr Oliva souligne que cette pratique a déjà cours à l’Hôpital général juif de Montréal depuis près d’un an et demi et que le taux de satisfaction des patients et du personnel médical est très élevé.
Ainsi, s’il peut y avoir des inconvénients pour le médecin à ne pas côtoyer physiquement son patient dans l’hôpital, ils sont largement compensés par les bienfaits du confort du patient. De plus, selon le Dr Oliva, la communication par visioconférence suffit bien souvent à avoir une bonne idée de l’état général du patient.
Augmenter la capacité hospitalière
En renvoyant plus rapidement des patients à la maison, on dégage une nouvelle marge de manœuvre pour les hôpitaux. Les établissements peuvent ainsi augmenter leur capacité d’hospitalisation en cumulant ces «lits» à distance.
«Déjà, on sait qu’il manque de lits dans les hôpitaux. Notre capacité est faible, note le Dr Oliva. Sachant cela, oui l’idée est d’augmenter notre capacité d’hospitalisation et puis de faire en sorte que les patients qui se retrouvent à l’hôpital sont ceux qui ont vraiment besoin d’être là.»
La nouvelle marge de manœuvre pourrait éventuellement aider à réduire les listes d’attente en chirurgie puisque les nouveaux lits disponibles pourraient être dédiés à ces patients.
L’initiative sera en partie financée par l’Institut de la pertinence des actes médicaux (IPAM) dont les fonds proviennent de l’enveloppe de rémunération des médecins spécialistes et d’économies dégagées par ses travaux. Une somme de 40 millions $ doit être consacrée au projet d’hospitalisation à domicile d’ici 2026.
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