MONTRÉAL — Le gouvernement Legault injecte 50 millions $ supplémentaires pour aider le milieu culturel, dont les salles de spectacles, à passer à travers la crise de la COVID-19, au moment où celles situées en «zone rouge» ont dû fermer leurs portes.
L’aide prendra la forme d’une compensation sur les billets non vendus, en conséquence des restrictions imposées par la Santé publique, ont expliqué vendredi le premier ministre François Legault et la ministre de la Culture, Nathalie Roy, en point de presse, à Montréal.
Ainsi, le gouvernement va verser aux producteurs, aux diffuseurs de spectacles québécois et aux festivals une somme pouvant atteindre 75 % des revenus de billetterie qu’ils ont engrangés à la même période l’an dernier.
Cette mesure s’applique pour une période de six mois, du 1er octobre 2020 au 31 mars 2021, dans toutes les régions du Québec — même celles où les salles demeurent ouvertes.
La fermeture des salles en zone rouge n’est pas un jugement de valeur sur cette industrie, ni une punition, a lancé le premier ministre, qui dit avoir trouvé dur d’entendre certains commentaires à l’effet que la culture n’est pas importante pour sa formation politique. «C’est une priorité, cela fait partie de notre identité», a-t-il répété.
«Ça m’arrache le coeur d’être obligé de prendre des décisions de fermer des salles de spectacles, des théâtres.»
Mais il le faut car «c’est une question de vie ou mort», a-t-il insisté, le jour où la province a enregistré plus de 1000 nouveaux cas d’infection à la COVID-19. Un bilan qu’il a qualifié de «critique».
Il s’apprête d’ailleurs à annoncer des restrictions supplémentaires lundi. «On va faire le point sur les écoles et le sport, a-t-il dit. Rien ne sera épargné.»
«C’est sûr qu’à 1000 cas, on commence à se dire qu’il va falloir en faire plus. Il faut regarder pour ajouter des mesures».
Il demande aux Québécois de ne pas attendre les mesures supplémentaires et de réduire dès maintenant leurs contacts sociaux.
L’aide culturelle
Plus de 500 organismes culturels pourraient bénéficier de la mesure annoncée vendredi prévoyant la compensation pour les billets, a indiqué Mme Roy. Elle a précisé qu’elle vise les organismes qui présentent des spectacles québécois des domaines des arts de la scène, de la musique, des variétés, de la littérature et du conte.
«L’objectif de cette mesure est à la fois de compenser l’organisation culturelle pour l’annulation de spectacles en raison des directives en matière de santé publique et de permettre la tenue de spectacles au cours des prochains mois malgré le nombre restreint de spectateurs», a expliqué la ministre.
Une chose est importante, a-t-elle toutefois souligné: «pour avoir droit à cet argent, les diffuseurs et producteurs devront donner l’assurance que les artistes et les autres travailleurs liés à la production seront payés. Ils devront tous être payés», a noté la ministre Roy.
Cette aide financière additionnelle de 50 millions $ sera gérée par le Conseil des arts et des lettres du Québec ainsi que la Société de développement des entreprises culturelles.
Les musées bénéficieront également d’une aide supplémentaire de 5 millions $.
Mme Roy a également noté que le gouvernement menait des discussions avec les propriétaires de cinémas et que celles-ci vont bon train.
«Je suis confiante qu’on va trouver une façon de les aider», a dit la ministre.
Elle a rappelé que les musées privés et les salles de cinéma — situés en zone rouge — sont admissibles à l’aide aux entreprises annoncée jeudi par le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.
En juin, le gouvernement avait aussi annoncé 400 millions $ pour aider le secteur des arts pendant cette période de pandémie.
Une aide de six mois
Le premier ministre s’est dit conscient que d’annoncer une aide financière pour une période de six mois allait susciter des questions.
Pourquoi pas pour 28 jours, pour aller de pair avec la durée des fermetures annoncées?
M. Legault a ainsi tenu à préciser que cela ne signifie pas que les salles culturelles seront fermées pour six mois. Par contre, les salles de spectacles fonctionnent avec une programmation prévue pour une saison, et leurs artistes sont embauchés en conséquence.
Un restaurant ou un bar peut rouvrir rapidement, a-t-il dit, ce qui n’est pas le cas d’un théâtre.