Québec solidaire veut qu’il soit illégal d’évincer un locataire au profit d’un Airbnb

MONTRÉAL — Québec solidaire estime qu’il n’est plus tolérable de laisser des propriétaires évincer des locataires afin de convertir leurs logements en Airbnb, surtout en pleine crise du logement.

«Ça vient détruire des vies de se faire foutre à la porte d’un logement, d’être traités comme des poubelles», a déclaré Jean-François Raymond, qui a récemment reçu un avis d’éviction des nouveaux propriétaires qui veulent convertir le logement qu’il habite depuis 22 ans en hébergement touristique. M. Raymond et Sylvain Roy, un autre locataire évincé du logement qu’il habite depuis plus de 25 ans dans le Vieux-Montréal, étaient aux côtés de Gabriel Nadeau-Dubois, mercredi matin à Montréal, pour réclamer que Québec interdise toute éviction à des fins de conversion en hébergement touristique.

Bien que ces conversions aient été grandement limitées par les règlements municipaux, elles sont toujours permises dans les zones d’activité commerciale où les propriétaires peuvent changer la vocation d’un édifice comprenant des logements.

Le chef parlementaire de Québec solidaire fait valoir que le gouvernement Legault n’a qu’a procéder à une simple modification du Code civil pour retirer la conversion en hébergement touristique comme motif d’éviction prévu par la loi: «Ça ne coûte rien au gouvernement, c’est facile, c’est simple et ça sauverait des vies.»

«C’est le rôle du gouvernement du Québec de protéger les Québécois et les Québécoises. Sylvain et Jean-François ont droit au logement et leur droit au logement devrait passer avant la possibilité pour des compagnies à numéro de faire des profits. C’est une question de valeurs, tout simplement.»

«Mettre du monde dehors pour transformer ça en Airbnb c’est injuste et, en pleine crise du logement, ça devrait être illégal», martèle M. Nadeau-Dubois. Également à ses côtés, Annie Lapalme d’Entraide-logement et du Comité-bail Hochelaga-Maisonneuve a parlé d’une «hausse fulgurante» des évictions depuis quelques années à Montréal, dans un contexte où l’appât du gain motive les achats d’immeubles à logements par de grandes entreprises dans les zones non-réglementées:  «Lesnouveaux propriétaires peuvent faire en trois ou quatre jours le même montant qu’un mois de loyer.»

«Les expulsions sont souvent faites de manière agressive et intimidante, en violation complète des droits des locataires, raconte-t-elle. Ces évictions sont d’une violence inouïe.»

Québec solidaire fait valoir que le Québec a perdu 116 000 logements abordables, dont 90 000 à Montréal au cours des cinq dernières années, selon une étude de l’Université McMaster publiée le 22 février dernier. Bien que ces pertes ne soient pas toutes attribuables à la conversion en hébergement touristique, celle-ci vient sérieusement aggraver l’actuelle crise du logement. 

Conséquence logique et inévitable, la pénurie de logements fait en sorte que des locataires dans des quartiers plus modestes comme Hochelaga-Maisonneuve ne sont plus capables de se reloger dans des appartements comparables sans devoir payer beaucoup plus cher. Or, nombre de ménages se trouvent justement dans ces quartiers en raison de leurs moyens modestes et occupent le même logement des années durant afin de se protéger de hausses de loyer démesurées qui sont souvent imposées par les propriétaires lorsqu’il y a changement de locataire.

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