Québec veut recruter environ 8000 employés dans le réseau scolaire d’ici 2026

MONTRÉAL — Québec souhaite embaucher environ 8000 personnes dans le réseau de l’éducation d’ici 2026 et mise sur différentes mesures pour y parvenir, dont le retour au travail de retraités. 

Le gouvernement veut trouver 2700 enseignants au niveau primaire et préscolaire, 3000 pour le secondaire ainsi que 2700 éducatrices en services de garde dans les écoles. 

Pour atteindre sa cible dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre, Québec continuera de favoriser le retour de retraités à l’enseignement. L’incitatif financier mis en place en septembre 2020 sera pérennisé, a indiqué le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, en conférence de presse lundi. 

«Les gens qui reviennent sont au sommet de l’échelle salariale et en plus, c’est sans pénalité sur leur prestation de retraite», a-t-il affirmé en compagnie du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet.

À titre d’exemple, un enseignant récemment retraité toucherait une rémunération quotidienne maximale d’environ 412 $, au lieu de 212 $, précise-t-on dans un communiqué de presse. 

Cette bonification a permis de ramener 700 retraités durant la dernière année scolaire 2020-2021. Québec anticipe d’en recruter un «nombre encore plus important», a mentionné M. Boulet. 

Afin de favoriser la rétention et la stabilité du personnel, Québec donnera la possibilité d’accorder des contrats de remplacement à temps partiel. Ils viendront garantir un nombre de jours payés par semaine jusqu’à la fin de l’année scolaire.

Le gouvernement demande aussi aux centres de services scolaires de pourvoir un maximum de postes avant le 1er juillet afin d’offrir plus de prévisibilité aux enseignants en vue de la prochaine rentrée.  

Pour répondre à la pénurie de main-d’oeuvre dans les services de garde en milieu scolaire, 22,6 millions $ sur cinq ans seront investis pour former davantage d’éducatrices.

Toutes ces mesures s’ajoutent à celles annoncées l’automne dernier dans le cadre de «l’Opération main-d’oeuvre» visant à répondre aux problèmes de pénurie de personnel. Québec ambitionne de recruter, former et requalifier 170 000 travailleurs dans différents services publics considérés comme prioritaires. 

Elles comprennent notamment un programme de bourses incitatives, un soutien bonifié pour les personnes sans emploi suivant une formation universitaire dans un des domaines priorisés, le recrutement à l’étranger et la reconnaissance des compétences d’immigrants. 

Réactions syndicales

S’ils saluent les efforts de Québec pour recruter des renforts, des syndicats croient que le gouvernement devrait davantage s’attarder aux conditions de travail pour rendre la profession d’enseignant plus attrayante. 

«Il va falloir penser à tous ceux qui depuis plusieurs semaines ou plusieurs moins pensent à nous quitter, même s’ils ne sont pas rendus à la retraite», a affirmé la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement-CSQ, Josée Scalabrini. 

La lourdeur de la tâche et le manque de clarté dans les consignes sanitaires découragent bon nombre d’enseignants, a relaté Mme Scalabrini à La Presse Canadienne.  

Environ une enseignante sur cinq décroche dans les cinq premières années, rapporte le vice-président à la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec-CSN, Yves de Repentigny. 

«On peut bien subventionner les jeunes pour qu’ils persévèrent aux études, mais si les conditions de travail ne s’améliorent pas à la sortie des études, on risque de garder le même problème», a-t-il réagi, faisant référence aux bourses incitatives. 

Selon lui, le recours aux retraités représente seulement une bonne solution à court terme. 

«Si ces personnes sont retraitées, c’est qu’elles ont déjà notamment un certain âge. Elles ne pourront pas combler les besoins à très long terme. Elles vont vouloir profiter de leur retraite», a-t-il dit. 

Mme Scalabrini voudrait que l’incitatif financier bénéficie à l’ensemble des retraités qui reviennent donner un coup de main et non seulement à ceux ayant quitté le métier dans les six dernières années.

Quant à l’idée de devancer les affectations avant juillet, Mme Scalabrini espère que les centres de services scolaires et les syndicats locaux auront une certaine marge de manoeuvre afin d’éviter le mur-à-mur. 

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Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.