Quelques centaines de manifestants réclament la transition écologique

MONTRÉAL — Les marches contre le réchauffement climatique se suivent et ne se ressemblent pas à Montréal.

Seulement quelques centaines de personnes se sont mobilisées samedi midi au pied du mont Royal pour réclamer des actions immédiates et concrètes pour une transition écologique juste.

Foulard vert au cou pour certains et ruban vert à la main, les participants ont formé une chaîne humaine sur l’avenue du Parc, à Montréal. Ils sont ensuite descendus dans la rue pour dénoncer la lenteur des gouvernements à atteindre la cible de l’Accord de Paris, qui est de limiter la hausse de la température de la planète de 1,5 degré Celsius.  

«Les énergies fossiles nous mettent en péril», «Réchauffons les coeurs, mais pas la planète» et «Le réchauffement climatique, c’est le symptôme. La maladie, c’est le capitalisme» sont quelques-uns des slogans scandés au cours de la marche qui a notamment emprunté le boulevard Saint-Laurent. 

L’événement était organisé par le Réseau intersyndical pour le climat (RIC) dans le cadre de la Journée mondiale d’action pour la justice climatique. Le sommet de la COP26 à Glasgow, où se rencontrent plus de 190 dirigeants mondiaux, se déroule en même temps. 

«On est ici pour leur dire que c’est fini, il faut arrêter de négocier. Il faut faire des actions. On rate la cible. (…) Il faut passer de la parole aux actes», a affirmé la porte-parole du RIC, Anne Dionne, aussi vice-présidente de la Centrale des syndicats du Québec.  

«La transition écologique, ce n’est pas que des voitures électriques, que des crédits carbone. Il faut repenser le système et l’économie. Il faut s’assurer de ne laisser personne derrière», a-t-elle ajouté. 

Les organisateurs disent avoir choisi le mont Royal parce qu’il représente le poumon de la métropole québécoise.

Le responsable de la campagne pour le climat-énergie chez Greenpeace, Patrick Bonin, a déploré que la cible de Québec en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES) soit «largement insuffisante».

«Une cible qui n’a rien à voir avec la science, qui n’est pas assez ambitieuse. Et malgré tout ça, le gouvernement est littéralement en train de rater cette cible-là avec à peine 50% des mesures pour l’atteindre», a-t-il décrié dans un discours devant les manifestants.  

M. Bonin a aussi appelé tous les secteurs comme les transports, les industries, les bâtiments et l’agriculture à «mettre l’épaule à la roue» pour la transition énergétique.

Prenant part à la mobilisation, le député néo-démocrate dans Rosemont, Alexandre Boulerice, a dit ne pas sentir de volonté chez les libéraux de Justin Trudeau pour un «virage radical». 

«Pour l’instant, on ne voit pas d’engagements très précis sur le financement, par exemple, pour la transition énergétique pour les pays en voie de développement. Il ne semble pas avoir plus d’ambition du côté de nos réductions de gaz à effet de serre. (…) Encore une fois, ça a l’air d’être très timide», a-t-il affirmé à La Presse Canadienne. 

Investir dans les transports collectifs

Le premier ministre François Legault a annoncé, à Glasgow, une série d’engagements pour baisser les émissions de GES. En parallèle, il continue de défendre le projet du troisième lien entre Québec et Lévis, ce que plusieurs considèrent comme étant «faire fausse route».  

«On ne veut pas plus de route. On veut plus de transports verts, de transports collectifs. De dire que c’est vert parce que les voitures vont être électriques, c’est un peu n’importe quoi», a affirmé une des manifestantes, Marie-Ève. 

Présent à la mobilisation, le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a aussi de nouveau critiqué l’investissement de 10 milliards de dollars pour la construction du tunnel autoroutier. «Un projet qui va empirer le trafic, alimenter l’étalement urbain et augmenter la pollution», a-t-il commenté. 

Il réclame des investissements en transport en commun, pas seulement à Montréal ou à Québec, mais aussi dans les régions. «Tous les Québécois, toutes les Québécoises, veulent participer à la transition écologique, mais pour qu’ils changent leurs comportements il faut leur offrir des alternatives fiables et efficaces partout sur le territoire», a-t-il soutenu. 

En septembre, plusieurs milliers de manifestants avaient envahi le centre-ville de Montréal pour dénoncer au premier chef l’apathie des gouvernements devant la crise climatique malgré l’urgence d’agir.

Si elle trouve qu’il y a «énormément de blabla» après les manifestations, Mamy Diouma Sow, élève en secondaire 4, trouve importantes les mobilisations pour le climat et qu’elles peuvent faire une différence. 

«Ça montre qu’on a encore espoir et qu’on ne va jamais vraiment abandonner. Chaque fois qu’on se mobilise, ça veut dire que l’environnement a besoin de votre aide. C’est un peu le message qu’on envoie, je pense», a mentionné la Montréalaise, qui est membre du Conseil national des jeunes ministres de l’Environnement. 

M. Nadeau-Dubois estime que les rassemblements des dernières années ont amené le gouvernement Legault à parler d’environnement, contrairement à la dernière campagne électorale.