OTTAWA — Le vice-président américain, Mike Pence, promet que son gouvernement fera ce qu’il faut pour que le nouvel accord de libre-échange nord-américain soit approuvé d’ici «cet été» et entre en vigueur cette année.
M. Pence a profité de sa visite avec le premier ministre Justin Trudeau à Ottawa, jeudi, pour tenter de rallier les démocrates américains au nouvel accord l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM).
Leur message était le même à ce sujet: si un gouvernement progressiste canadien soutient cet accord, les démocrates aussi peuvent le soutenir.
M. Trudeau a fait valoir que l’accord comprend des «améliorations significatives» sur des enjeux dont les démocrates «se soucient énormément», dont l’environnement, les droits des travailleurs, des femmes et des autochtones.
«Les améliorations qu’on a pu mettre dans ce nouvel accord aident tant les progressistes que les conservateurs à (y voir) du bien», a-t-il ajouté.
La relation acrimonieuse entre le président américain Donald Trump et la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a ralenti le processus chez nos voisins américains. Plusieurs démocrates souhaitent même une réouverture de l’accord pour améliorer certains aspects de l’ACEUM.
M. Pence a réitéré que ni le Canada ni le Mexique ne souhaitent aller dans cette direction. Il a insisté sur l’urgence d’aller de l’avant avec l’ACEUM, puisque l’ALENA actuel est «dépassé».
Il n’a pas non plus manqué de saluer les «progrès» du gouvernement Trudeau pour ratifier le nouvel accord à la Chambre des communes. Le premier ministre a déposé le projet de loi à cet effet mercredi, soit la veille de la visite du vice-président Pence.
M. Trudeau a admis que la querelle autour des tarifs douaniers imposés par les États-Unis sur les importations d’acier et d’aluminium en provenance du Canada était un «obstacle significatif» à la ratification du nouvel accord. Les deux pays ont finalement conclu une entente à ce sujet le 17 mai dernier.
Pas de cadeau lors des négos
Plus tôt en journée, jeudi, M. Pence s’est entretenu avec le premier ministre Trudeau pendant un peu plus d’une demi-heure avant que les deux hommes ne rejoignent une réunion à laquelle étaient invités les membres du Conseil canadien de l’ACEUM.
M. Pence s’est dit «inspiré» par la «grande étendue de perspectives idéologiques» du comité canadien, qui réunit autant des gens d’affaires que des chefs syndicaux et des diplomates.
Le vice-président a également déclaré que M. Trudeau, comme le président Trump, n’avait pas fait de cadeau lors des négociations pour conclure cet accord qu’il a qualifié de «gagnant-gagnant-gagnant» pendant que le ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, souriait et approuvait en hochant la tête.
Le premier ministre a déclaré qu’il tenait à remercier les membres de ce conseil qui ont travaillé «très, très fort ces deux dernières années».
La brève visite d’une journée à Ottawa de M. Pence est sa première en tant que second de Donald Trump. Le président lui-même n’a jamais effectué de visite officielle à Ottawa depuis son élection en 2016 — il était toutefois venu au Canada en 2018 pour le sommet du G7 dans Charlevoix.
M. Pence a également déclaré jeudi que les relations entre les deux pays étaient plus solides que jamais, grâce au leadership de MM. Trump et Trudeau.
Un désaccord sur l’avortement
Alors que M. Trudeau a promis d’évoquer ce qu’il appelle la «régression des droits des femmes aux États-Unis», aucun des deux dirigeants n’a abordé la question lors de la brève séance de photos, jeudi matin, ni à la partie publique de la réunion qui a suivi.
Certains États américains ont récemment adopté des lois antiavortement, tentant de forcer la Cour suprême des États-Unis à reconsidérer sa décision dans son arrêt historique Roe contre Wade, en 1973, qui prévoit une protection constitutionnelle du libre choix des femmes.
Les deux hommes, qui participaient à un point de presse conjoint en milieu d’après-midi, ont tous deux déclaré qu’ils avaient eu une conversation cordiale à cet effet, mais de toute évidence, leurs positions respectives n’ont pas changé.
Le vice-président Pence a déclaré devant les journalistes qu’il était «très fier de faire partie d’une administration pro-vie».
«Des amis peuvent avoir des différences et quand même rester des amis», a-t-il ajouté au sujet de sa conversation sur l’avortement avec le premier ministre Trudeau.