QUÉBEC — «À l’impossible, nul n’est tenu», a déclaré mercredi le premier ministre François Legault pour se justifier de ne pouvoir respecter son engagement d’ouvrir 2600 classes de maternelle 4 ans d’ici 2025-2026.
Mardi, son ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, avait annoncé en entrevue à TVA qu’il ne pourra créer toutes ces classes de maternelles 4 ans dans les temps. La cible sera plutôt reportée à 2029-2030.
Talonné sur ce sujet mercredi, M. Legault a déclaré que la pénurie d’enseignants l’obligeait à reporter cet engagement phare de la Coalition avenir Québec (CAQ) pour lequel il avait mis son siège en jeu en 2018.
En campagne électorale cette année-là, la CAQ avait promis d’ouvrir 5000 classes de maternelles 4 ans durant son mandat. Ce chiffre est ensuite passé à 3400, puis à 2600. Seulement 1600 classes ont été créées depuis.
Mercredi, en mêlée de presse, M. Legault a dit comprendre que des parents d’enfants de quatre ans préféraient les Centres de la petite enfance (CPE), qui sont ouverts douze mois par année.
Mais il a réitéré son désir d’offrir à tous les parents qui le souhaitent l’accès à la maternelle 4 ans. Les enfants en difficulté d’apprentissage en particulier bénéficient des services offerts dans une école, a-t-il dit.
«Actuellement, il y a une pénurie. Je ne suis pas dogmatique, on est pragmatique. (…) Il faut tenir compte des réalités concernant les enseignants», a déclaré le premier ministre.
«Comme me dit souvent mon épouse, à l’impossible, nul n’est tenu. On va essayer de le faire le plus rapidement possible, mais il faut quand même tous comprendre, là, qu’on a une pénurie d’enseignants», a-t-il ajouté.
Un aveu d’échec, martèle l’opposition
Pour l’opposition libérale, il s’agit d’un «aveu d’échec».
«Aux parents qui ont voté en 2018 pour la maternelle 4 ans, pour la CAQ, votre enfant a le temps de se rendre à son bal des finissants avant d’avoir une place en maternelle 4 ans», a raillé la députée Marwah Rizqy.
À l’instar du Parti libéral, Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ) ont souligné à grands traits le fait que le premier ministre avait juré de démissionner s’il ne respectait pas son engagement.
«François Legault avait mis son siège en jeu sur les maternelles 4 ans. (…) Il avait mis son siège en jeu sur un projet mal ficelé, mal organisé», a déclaré le chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois.
«C’est un désaveu total de l’obsession de M. Legault envers les maternelles 4 ans. C’est la démonstration que cette promesse lancée en l’air par François Legault, pour laquelle il avait mis son siège en jeu, était mal ficelée.»
De son côté, le député péquiste Pascal Bérubé a rappelé que son parti avait toujours milité en faveur du développement des CPE.
«Le premier ministre met son siège en jeu pour les maternelles 4 ans. Donc, son siège est-il en jeu aujourd’hui? Ça n’a jamais été une bonne idée», a-t-il affirmé.