Restaurants: pas toujours facile d’appliquer – et même de comprendre – les consignes

VAL D’OR, Qc — Les façons d’appliquer les règles d’hygiène diffèrent souvent entre les restaurants, qui ont eu l’autorisation de rouvrir lundi. «En plus, les consignes ne sont pas toujours faciles à suivre, dit Christian Cloutier, propriétaire des deux restaurants Bénédictine de Val-d’Or. Les règles changent d’une journée à l’autre, et il faut aller avec le flot. Parfois, on va même suivre les nouvelles pour savoir ce qu’il faut faire. On avance à tâtons.»

On ne se bousculait quand même pas aux portes des restaurants lundi en Abitibi-Témiscamingue, malgré cette réouverture annoncée et attendue, après deux mois et demi de confinement. Cette reprise modérée, faisait donc l’affaire de bien des restaurateurs.

«Il a fallu s’adapter, et il faut encore le faire, rappelle de son côté Annie Gauthier, propriétaire de la rôtisserie St-Hubert de Val-d’Or. Il faut demander aux gens qui veulent s’asseoir à une même table s’ils résident à la même adresse, sinon, il faut les asseoir à 2m de distance. Il a aussi fallu adapter l’entrée et la sortie du restaurant, mais une fois assis, cependant, on ne remarque pas beaucoup la différence.»

Sur quel pied danser?

Du côté de St-Hubert, Annie Gauthier dit avoir eu la chance d’être épaulée par la chaîne. Mais c’est une arme à deux tranchants. «Notre PDG a été formidable tout au long de la crise, dit-elle. L’autre côté de la médaille, c’est que tout le monde a des attentes plus élevées envers une chaîne comme la nôtre. Nos employés ont fait toute une différence tout au long de la crise et même lors de la réouverture aujourd’hui.»

La reprise tranquille des activités fait l’affaire d’Annie Gauthier. «C’est un gros défi, une relance comme celle-là, indique-t-elle. Et en plus, pour nous, c’est la deuxième année de suite que l’on doit redémarrer l’entreprise. L’an dernier, nous avions investi plus de deux millions de dollars pour rénover le restaurant, et nous avions rouvert à peu près à la même période. »

Question rentabilité, les restaurateurs de la région vivent des réalités bien différentes. «On ne pourra pas jouer sur les deux tableaux, confirme le propriétaire de Bénédictine, qui avait gardé ouverts ses restaurants, spécialisés dans les déjeûners, tout en offrant un service à l’auto. Impossible pour nous d’ouvrir la salle à manger et le service à l’auto en même temps.» «Côté rentabilité, on s’est gardé la tête hors de l’eau durant ces deux mois et demi en offrant la livraison et le service à l’auto, indique de son côté Annie Gauthier. Mais si à court terme, il ne s’agit pas d’une solution viable, il était important pour nous que nos clients ne nous oublient pas. En fait, je ne regarderai pas le chiffre d’affaires de cette semaine. Nos façons de faire doivent changer, et cela impliquera des dépenses supplémentaires.»

Quand il est question de savoir sur quel pied danser, deux restaurateurs de Val-d’Or ont été victimes de manque d’information. À la microbrasserie Le Prospecteur, par exemple, les propriétaires ont fait fabriquer des masques à l’effigie de leurs commerces…pour se faire dire qu’ils n’étaient pas réglementaires. En effet, l’Institut national de santé publique oblige les employés des restaurants à porter des masques chirurgicaux jetables.

Malgré toutes ces vicissitudes, Annie Gauthier et Christian Cloutier sont contents d’être de retour. «On espère juste maintenant que les gens reviendront », disent-ils simplement.

Texte de l’Initiative de journalisme local