MONTRÉAL — Gabriel Nadeau-Dubois estime que Justin Trudeau est très mal placé pour faire la morale au Québec parce qu’il utilise la disposition de dérogation: «Justin Trudeau n’a pas de leçon à donner en matière de protection des droits de la personne. Parlez-en aux peuples autochtones», a-t-il déclaré à l’ouverture du caucus présessionnel de Québec solidaire, lundi à Montréal.
Même s’il maintient la ferme opposition de son parti à la loi 21, qui utilise la disposition de dérogation pour interdire le port de signes religieux de certaines personnes en position d’autorité, le chef parlementaire de Québec solidaire n’en croit pas moins que la disposition de dérogation, aussi appelée «clause nonobstant», doit absolument demeurer en vigueur: «On n’est pas d’accord avec la loi 21, mais la disposition de dérogation, c’est un outil démocratique important pour le Parlement du Québec pour le peuple québécois et là-dessus, on a toujours été très clairs à Québec solidaire que ces débats-là allaient se faire et se régler ici au Québec.»
Trudeau revient à la charge
Gabriel Nadeau-Dubois faisait ainsi référence aux propos tenus par le premier ministre Trudeau lors d’une entrevue avec le quotidien «La Presse», la semaine dernière, mais dans les minutes suivantes, alors qu’il se trouvait à Toronto, lundi, M. Trudeau est revenu à la charge, affirmant son opposition à ce que «quiconque, à n’importe quel palier de gouvernement, n’importe où dans notre pays, suspende les droits fondamentaux des Canadiens de façon à empêcher même la Cour de même se prononcer là-dessus».
Répétant que son gouvernement serait toujours là «pour défendre les libertés fondamentales de tous les Canadiens», répétant qu’il déplore qu’une province, quelle qu’elle soit, «utilise la clause nonobstant de façon préventive pour suspendre les libertés fondamentales sans pouvoir avoir recours à la Cour», il a toutefois cherché à désamorcer la controverse en ajoutant que «ce n’est pas une question du fédéral contre les provinces». «C’est une question de s’assurer qu’on est là pour défendre les libertés fondamentales de tout le monde», a-t-il dit.
Dans son entrevue à «La Presse», toutefois, M. Trudeau était allé plus loin, indiquantque son gouvernement songeait à s’adresser à la Cour suprême pour encadrer davantage l’usage de la disposition de dérogation.
Gabriel Nadeau-Dubois s’en est également pris au premier ministre François Legault, se moquant de ses gazouillis «colériques» en réponse à Justin Trudeau, alors que son rapport de force est, selon lui, «pratiquement inexistant», une réalité qui se manifeste notamment dans le dossier des transferts fédéraux en santé.
Saint-Henri-Sainte-Anne dans la mire de QS
Le chef parlementaire s’est également attardé sur l’élection partielle à venir dans la circonscription de Saint-Henri-Sainte-Anne, laissée vacante par la démission de la cheffe libérale Dominique Anglade. L’avocat Guillaume Cliche-Rivard y défendra à nouveau les couleurs de Québec solidaire, lui qui s’était classé deuxième à l’élection générale d’octobre dernier.
Bien quela date de l’élection partielle n’ait pasencore été déterminée, M. Nadeau-Dubois a affirmé être prêt, que M. Legault «la déclenche demain ou dans trois semaines». Cette campagne, selon lui, portera en grande partie sur la crise du logement.
La co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, a salué de son côtéle choix de M. Cliche-Rivard. L’élection éventuelle de celui-ci signifierait que la formation serait représentée par huit hommes et quatre femmes, soit loin de la parité. Bien qu’elle se défende de ressentir un inconfort face à cette situation, elle a néanmoins ajouté que cette question ferait partie de la réflexion à venir de Québec solidaire.
Les 11 députés de Québec solidaire entendent concentrer leur travail d’opposition sur le coût de la vie: «Québec solidaire va continuer de faire son travail acharné pour s’assurer que François Legault joue son rôle de premier ministre, que la CAQ joue son rôle de gouvernement et qu’on aide les gens qui en arrachent», a fait valoir Manon Massé.