Selon une étude, la montée des eaux nécessite une approche nationale uniformisée

HALIFAX — Pour Darlene Norman, être une dirigeante municipale confrontée à ce que l’auteure d’une nouvelle étude considère comme l’approche fragmentaire d’Ottawa en matière d’inondations liées au climat, c’est comme se noyer dans une mer qui ne cesse de monter.

«C’est comme si nous étions là, à patauger», a déclaré la mairesse de la région de Queen’s County, une région peu peuplée de la côte sud de la Nouvelle-Écosse, qui est de plus en plus exposée aux ondes de tempête à mesure que le niveau de l’océan Atlantique monte.

«Ce sont les municipalités qui ont le plus d’argent et le plus de personnel qui recevront le plus d’aide (fédérale)», a déclaré Mmme Norman en entrevue dimanche. 

«Cela devrait être l’inverse. Ottawa devrait avoir un département spécifique qui évalue les régions les plus à risque (…) Il doit y avoir un seul niveau d’évaluation standard canadien pour savoir où vont les fonds».

Une étude publiée par le Centre intact d’adaptation au climat, basé à l’Université de Waterloo, en Ontario, a révélé que le Canada manque d’un système de planification national ou de classifications standard par rapport aux autres pays. De tels systèmes peuvent être utilisés afin d’évaluer les risques pour les zones côtières et tracer la voie la plus sage à suivre.

Les principales conclusions de ce rapport de 94 pages, intitulé «Mers montantes et sables mouvants», appellent le gouvernement fédéral à élaborer des normes nationales, en particulier pour les solutions naturelles qui vont de la restauration des dunes au rétablissement des marais.

Le rapport conclut que «le plus grand défi au Canada […] est peut-être le manque de sentiment d’urgence à agir».

Joanna Eyquem, une géoscientifique de Montréal qui a rédigé le rapport, a affirmé en entrevue que le Canada a environ dix ans de retard sur le Royaume-Uni, qui dispose depuis 1999 d’une cartographie détaillée des inondations pour chaque adresse, ainsi que d’un plan détaillé pour chacune des 22 zones de gestion du littoral supervisées par une agence nationale.

La protection des côtes canadiennes, en revanche, est supervisée par plusieurs ministères, dont Environnement Canada, Infrastructure Canada et Sécurité publique Canada. 

«Nous n’avons pas de leadership ministériel fort. C’est fragmentaire pour le moment», a indiqué Mme Eyquem.

Elle a ajouté que les petites communautés sont souvent confrontées à des problèmes complexes et à un manque de personnel pour présenter des demandes aux systèmes de financement tels que le Fonds d’atténuation et d’adaptation en matière de catastrophes (FAAC) crée en 2018 et dont Ottawa a ajouté du financement cette année.

Le rapport souligne également que dans certaines régions côtières, les ondes de tempête extrêmes peuvent dépasser de plus d’un mètre le niveau des marées. Au Canada atlantique, les projections indiquent que le golfe du Saint-Laurent sera dépourvu de glace de mer hivernale d’ici la fin du siècle – ce qui entraînera une augmentation de la hauteur des vagues et des ondes de tempête hivernales.

Les municipalités ont pourtant rarement l’expertise nécessaire pour savoir quelle combinaison de mesures serait la mieux adaptée pour faire face aux risques liés au climat au cours du prochain siècle.