Le plongeon de haut vol, un sport extrême en plein essor

Sauter d’une falaise de 20 m, c’est le sport que pratique la Québécoise Lysanne Richard.

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Romina Amato/Red Bull

Il faut être complètement fou pour sauter d’une falaise de 20 m. C’est Roseline Filion, médaillée olympique et spécialiste de la tour de 10 m, qui le dit. Sauter de deux fois plus haut ? Rien que d’y penser lui donne des sueurs froides !

C’est pourtant ce que fait sa partenaire d’entraînement Lysanne Richard, membre de l’équipe nationale et seule représentante du Canada sur le circuit international de plongeon de haut vol, un sport extrême en plein essor. La femme de 34 ans — dans la moyenne d’âge pour cette discipline, qui attire les plongeurs, mais surtout des acrobates en fin de carrière — a joué les clowns pour le Cirque du Soleil et Les 7 doigts de la main. La dose de folie, elle l’avait déjà.

L’ivresse de ces trois secondes pendant lesquelles elle vole à 80 km/h — le temps de parcourir l’équivalent de six étages —, la blonde de 1,60 m ne peut s’en passer. « Ça crée une dépendance, assure-t-elle. Ce que j’aime, c’est sentir le vent que je produis. »

Après ses vrilles et saltos, la plongeuse fend l’eau les pieds en premier, droite comme un piquet. Cette technique est obligatoire en haut vol. L’impact serait trop dur pour les mains et la tête. « Même les belles entrées réussies font mal, lance la Montréalaise originaire de Chicoutimi. Si tu manques ton coup, tu peux perdre connaissance. » C’est pourquoi, en compétition, quatre scaphandriers se ruent vers les plongeurs après leur saut, pour s’assurer que tout va bien.

Au Canada, les infrastructures pour le haut vol sont inexistantes. Lysanne Richard ne peut donc s’élancer de 20 m que lors des compétitions de la Fédération internationale de natation (FINA) ou du circuit Red Bull, qui se tiennent aux quatre coins du monde. « À l’entraînement, je dois m’adapter », souligne l’athlète. Elle utilise les tremplins et la tour de 10 m pour s’exercer afin d’améliorer ses départs, ses positions en vol et ses entrées à l’eau.

Le Parc olympique lui permet de sauter d’une plateforme située tout juste sous le plafond du Centre sportif, à 17 m de l’eau, mais Lysanne Richard ne peut s’y rendre que quelques rares fois dans l’année. Plongeon Canada doit alors payer un agent de sécurité et un entraîneur en dehors des horaires habituels pour l’accompagner.

La mère de trois enfants, qui en était à sa première année de compétition en 2015, figure déjà parmi les cinq meilleures plongeuses de haut vol de la planète. Elle souhaite que son sport soit présenté, en démonstration d’abord puis en compétition, aux Jeux olympiques. Si les plus optimistes rêvent encore à Rio, en 2016, les plus réalistes visent Tokyo, en 2020.

« Je vais continuer tant que le haut vol ne sera pas aux Jeux olympiques », dit-elle. Comme le sport a été intégré aux Championnats du monde de la FINA, qu’il attire les foules — jusqu’à 75 000 personnes aux compétitions de Red Bull— et qu’il est hautement télégénique, les astres semblent parfaitement alignés.