MONTRÉAL — Vedettes à Longueuil
La brochette de candidats-vedettes espérant remporter la mairie de Longueuil semble créer de l’indécision chez les électeurs, alors que 44 % ne savent toujours pas pour qui voter, d’après un sondage CROP-Radio-Canada publié le 21 octobre.
C’est l’ancienne députée péquiste, puis indépendante, Catherine Fournier qui est pour l’instant en tête, avec 33 % des intentions de vote. Son adversaire Josée Latendresse (10 %) avait perdu les dernières élections par seulement une centaine de voix.
L’ancien directeur général de l’Orchestre symphonique de Longueuil, Jean-Marc Léveillé, ainsi que l’ancien président de la Confédération des syndicats nationaux, Jacques Létourneau, arrivent en queue de peloton, avec 6 et 4 %, respectivement.
M. Létourneau est pourtant le successeur de la mairesse sortante, Sylvie Parent, à la direction du parti Action Longueuil.
La notoriété, «au municipal, c’est plus important encore qu’aux autres paliers», explique le doctorant et chercheur en communication politique à l’Université Laval, Philippe Dubois. «C’est le palier que nous connaissons le moins, et on ne peut pas se baser sur les raccourcis décisionnels habituels», comme les axes fédéraliste-souverainiste ou gauche-droite.
Possible majorité de femmes à Gatineau
Les Gatinois ne sont pas plus décidés que les Longueuillois, alors que 53 % d’entre eux ne savent toujours pas pour qui ils voteront, d’après un sondage CROP-Radio-Canada publié le 21 octobre.
Avec 22 % de soutien, la cheffe d’Action Gatineau, Maude Marquis-Bissonnette, a dix points d’avance sur sa plus proche rivale, l’indépendante France Bélisle. Les quatre autres candidats indépendants récoltent chacun 6 % ou moins.
Outre le fait que deux femmes sont en tête des intentions de vote, Action Gatineau présente une majorité de candidates féminines, ce qui pourrait résulter en l’un des seuls conseils municipaux à majorité de femmes du Québec.
«Là-dessus, Gatineau est un peu précurseure parmi les grandes villes du Québec», indique la professeure associée à l’Université du Québec à Montréal et spécialiste en gestion municipale, Danielle Pilette. Le maire sortant, Maxime Pedneaud-Jobin, a selon elle «maintenu le rythme de l’innovation sociale et politique» tout au long de ses deux mandats, et ainsi «préparé une relève de femmes et de diversité» au sein de son parti, Action Gatineau.
Après les élections de 2017, seulement 4 % des conseils municipaux comptaient plus de 60 % de femmes, d’après le Secrétariat à la condition féminine. Chez les hommes, ce chiffre s’élevait à 61 %.
Comptes à régler à Rimouski
La conseillère municipale et candidate à la mairie Virginie Proulx a des comptes à régler avec le conseil municipal de Rimouski: depuis mai 2020, elle est exclue des réunions en comité plénier, qui se déroulent à huis clos.
Ses collègues la soupçonnaient de partager des informations confidentielles avec des membres du public, accusations qu’elle a démenties, se disant plutôt victime d’intimidation.
«C’est très fréquent au municipal», nuance la professeure Pilette. Les réunions en comité plénier sont des rencontres informelles faites avant la tenue d’une séance publique.
Être exclue, «ce n’est pas nécessairement un désavantage politique» et cela peut même «donner plus de visibilité».
En effet, Mme Proulx milite depuis pour une plus grande transparence sur la scène municipale. L’année dernière, elle a présenté une résolution pour demander au gouvernement provincial de mieux encadrer le droit des élus de délibérer en huis clos, conjointement avec la conseillère sherbrookoise Évelyne Beaudin, qui brigue elle aussi la mairie de sa ville.
À Rimouski, la résolution a été rejetée par tous les autres élus.
Son seul adversaire, Guy Caron, a été député fédéral pour le Nouveau Parti démocratique de 2011 à 2019. Durant ses deux mandats, cet économiste a été chef parlementaire de son parti, en plus de siéger à de nombreux comités, dont ceux des affaires étrangères, des finances, des ressources naturelles et des sciences et technologies.
Lutte à trois à Sherbrooke
Rien n’est joué à Sherbrooke, où les trois principaux candidats sont presque au coude à coude.
C’est l’ancien ministre libéral Luc Fortin qui est en tête avec 28 % des intentions de vote, d’après un sondage Navigator―La Tribune―107,7 FM paru le 12 octobre. Lui qui a dirigé les ministères du Loisir et du Sport, de la Culture et des Communications et de la Famille, alors qu’il était député de Sherbrooke sous le premier ministre Philippe Couillard, pourrait remporter son pari sur la scène municipale.
La cheffe du parti Sherbrooke citoyen, Évelyne Beaudin, le talonne avec 25 % d’appuis.
Le maire sortant, Steve Lussier, peut quant à lui compter sur 21 % de l’électorat.
Dans ces conditions, les quelque 20 % d’indécis pourraient faire pencher la balance dans n’importe quelle direction.
Un quatrième candidat, Patrick Tétreault, est entré dans l’arène à la dernière minute. Aux élections précédentes, il avait récolté 1 % des voix.
Course sans partis à Trois-Rivières
Quel que soit le choix des électeurs, Trois-Rivières élira un maire indépendant en novembre, alors que chacun des trois candidats se présente seul.
Le seul parti de la ville, Action civique, a été fondé il n’y a qu’un an, en pleine pandémie. Dans ces circonstances, et n’ayant pas réussi à présenter des candidats dans tous les districts, le chef Jean-Claude Ayotte a préféré briguer le poste de conseiller municipal cette fois-ci. Les résultats du jeune parti au lendemain des élections détermineront s’il réussira à changer le paysage politique trifluvien.
«Les partis municipaux, c’est une particularité québécoise», note M. Dubois, qui mentionne que ceux-ci sont presque entièrement absents dans le reste du Canada. Cependant, il les décrit comme «des machines au service d’une candidature», qui ont rarement un grand dynamisme politique hors des élections.
La présence ou l’absence de parti ne peut d’après lui pas prédire la dynamique qui régnera au sein du futur conseil de ville, comme des indépendants peuvent bien coopérer entre eux autant qu’ils peuvent entrer en conflit, «dépendamment de la dynamique politique d’une ville.»
Le maire sortant, Jean Lamarche, dispose d’une bonne avance, avec 41 % des intentions de vote, d’après un sondage Navigator-Le Nouvelliste-106.9 Mauricie publié le 12 octobre.
L’ancienne conseillère municipale Valérie Renaud-Martin, elle, récolte 28 %.
Le dernier candidat, Gilles Brodeur (1 %), s’était présenté aux élections fédérales sous la bannière du Parti libre, un groupe conspirationniste qui souhaite «la suspension de l’injection expérimentale Covid-19 » et la « mise en place de tribunaux militaires pour haute trahison » à cet effet.
Cependant, M. Brodeur a déclaré s’être infiltré au sein du parti dans le seul but de le surveiller. Il se présente maintenant sous sa vraie identité, avec un programme provaccination.
Multitude de choix à Saguenay
Cette année, ce sont pas moins de sept candidats qui se sont lancés dans la course à la mairie de la ville de Saguenay.
La professeure Pilette ne s’en surprend pas: «c’est toujours le cas après qu’il y ait eu un maire omnipuissant», dit-elle, faisant référence au départ de Jean Tremblay, resté au pouvoir de 2001 à 2017. «C’est comme si tout le territoire se divise» dans le vide ainsi créé au niveau du pouvoir politique.
Au début de la campagne, la mairesse sortante, Josée Néron, disposait de cinq points d’avance sur sa plus grande adversaire en date du 12 octobre, d’après un sondage Navigator―Le Quotidien―KYK 95,7.
Depuis, la vapeur s’est renversée, et l’ancienne conseillère Julie Dufour l’a dépassée de neuf points, selon un sondage Segma recherche― 92,5 CKAJ publié trois jours plus tard. À un peu plus d’une semaine du jour J, l’avance de Mme Dufour ne faisait même plus un point, selon un second coup de sonde de la même firme.
La mairesse sortante, de son côté, peut compter sur des partisans plus âgés, et donc plus enclins à voter, ce qui pourrait lui donner un avantage décisif le jour du scrutin.
Le combat risque fort de se jouer entre les deux femmes, alors qu’en troisième place, Serge Simard n’a récolté que 11,7 %. Ni Catherine Morissette, ni Jacinthe Vaillancourt, ni Claude Côté n’a réussi à atteindre le 10 %.
Dominic Gagnon, lui, s’est désisté de la course le 18 octobre.
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Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.