MONTRÉAL — Les entrepreneurs en construction résidentielle se disent préoccupés face à une pénurie de main-d’oeuvre dans ce secteur; 88 pour cent d’entre eux disent être concernés ou même menacés par une telle pénurie.
Cette donnée ressort d’un sondage de la firme Léger réalisé pour le compte de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), et dont La Presse canadienne a obtenu copie.
Cette pénurie toucherait surtout les charpentiers-menuisiers, puis, dans une moindre mesure, les plâtriers, les peintres, les carreleurs, les briqueteurs-maçons, les manoeuvres et les plombiers. En fait, 43 pour cent des entrepreneurs qui ont répondu au sondage ont affirmé avoir eu de la difficulté à recruter des charpentiers-menuisiers et 14 pour cent ont éprouvé une telle difficulté pour les plâtriers. Pour les autres métiers, la proportion est de 8 pour cent ou moins.
Les employeurs rapportent avoir eu de la difficulté à recruter des compagnons (76 pour cent) et des apprentis (66 pour cent).
Croissance affectée
La pénurie serait telle qu’elle aurait affecté la croissance de l’entreprise, selon 81 pour cent des entrepreneurs interrogés, la productivité selon 79 pour cent d’entre eux, et le respect des échéanciers dans 78 pour cent, a rapporté François Vincent, porte-parole de l’APCHQ, au cours d’une entrevue lundi.
Comme les entreprises de construction résidentielle sont souvent de petites entreprises, avoir peine à recruter un seul ouvrier peut représenter une sérieuse entrave à leur développement. Certaines ont dû refuser des contrats, a souligné M. Vincent.
«Ça affecte les entreprises. L’année passée, les entreprises ont cherché à combler quatre postes, deux compagnons et deux apprentis. Quand on considère que la majorité des entreprises de notre secteur d’activité économique ont cinq employés et moins, on voit que ça affecte la croissance», a illustré M. Vincent.
Pourtant, on entend souvent dire que la pénurie de main-d’oeuvre touche essentiellement des métiers peu rémunérés et peu qualifiés. Or, c’est loin d’être le cas dans l’industrie de la construction.
Causes et solutions
M. Vincent cite comme causes la pyramide des âges et un nombre insuffisant de jeunes intéressés par les métiers de la construction. «On peut en former plus. Il faut parler de la construction comme étant un métier qui a de l’avenir et qui est intéressant. C’est un métier qui a de bonnes conditions de travail» et de bons salaires, a rappelé M. Vincent.
«Mais ça prend aussi des solutions concrètes et applicables rapidement», a-t-il ajouté.
Entre autres solutions, il cite: améliorer le ratio compagnon-apprenti qui est actuellement de 1 pour 1; améliorer les exemptions pour les cartes de compétence pour les enfants d’entrepreneurs; accélérer l’accès aux cartes de compétence dans l’industrie de la construction et accroître la polyvalence des métiers.
Le sondage a été réalisé par téléphone auprès de 750 employeurs du secteur résidentiel, des entreprises de toutes tailles et provenant des différentes régions du Québec. Il a été mené du 1er au 15 novembre dernier.