Sondage sur le climat: les Albertains, comme les Saoudiens, sont moins préoccupés

MONTRÉAL — Les citoyens de l’Alberta, comme les citoyens de l’Arabie saoudite, sont moins susceptibles de considérer le changement climatique comme une menace que ceux qui vivent dans des régions qui ne dépendent pas du pétrole, selon un sondage réalisé par un organisme de bienfaisance britannique dédié à la sécurité.

La Lloyd’s Register Foundation s’est associée à la firme de sondage Gallup pour questionner 125 000 personnes dans 120 pays sur les changements climatiques.

Les résultats, publiés à la fin juin, montrent une corrélation entre la dépendance économique aux combustibles fossiles et les préoccupations concernant le changement climatique.

Les auteurs du rapport «Focus sur la dépendance au carburant et les perceptions du changement climatique» ont demandé aux citoyens s’ils croyaient que le changement climatique constituerait une menace pour les habitants de leur pays au cours des 20 prochaines années. 

Au Canada, l’Alberta fait bande à part

La majorité des Canadiens (61 %) le considéraient comme une «menace très grave». Pourtant, le rapport met en évidence certaines différences provinciales considérables.

Par exemple, moins de quatre répondants sur dix (39 %) en Alberta croient que le changement climatique est une «menace très grave», ce qui contraste fortement avec d’autres provinces, comme Terre-Neuve-et-Labrador (76 %) et l’Ontario (67 %), deux provinces productrices d’énergie nucléaire. Au Québec, où l’énergie produite provient principalement de l’hydroélectricité, c’est 57 % des citoyens sondés qui considèrent le changement climatique comme une «menace très grave».

Selon les auteurs du rapport, la réticence des résidants et des politiciens albertains, qui vivent dans une province dont l’économie dépend du pétrole, à avoir des conversations sur les changements climatiques explique en partie les résultats du sondage.

Lorsqu’il y a un manque de discussion sur les changements climatiques dans «le forum politique public» et lorsque de «nombreuses personnes participent à l’industrie des combustibles fossiles, soit par l’emploi direct, soit par les avantages économiques pour la province», on constate que des gens peuvent «ignorer les risques à long terme et apparemment abstraits du changement climatique», a souligné Tim Slingsby, directeur des compétences et de l’éducation à la Lloyd’s Register Foundation.

Le rapport britannique souligne également que le gouvernement albertain, dirigé par le Parti conservateur uni de l’Alberta (UCP),  a toujours plaidé pour l’expansion de la production de pétrole et de gaz, soulignant son importance pour l’emploi et la prospérité économique. 

«Cela est démontré par la position de l’Alberta en tant que seule province canadienne sans taxe de vente provinciale, une situation maintenue par les recettes de l’industrie des combustibles fossiles. Toutefois, cette position a créé des tensions avec d’autres provinces et le gouvernement fédéral, notamment en ce qui concerne les préoccupations environnementales et le changement climatique», écrivent les auteurs du rapport.

Les grands producteurs de pétrole moins préoccupés 

À l’échelle mondiale,  41 % des répondants ont déclaré que le changement climatique est une «menace très grave». 

Cette proportion passe à 67 % lorsque les personnes qui considèrent le changement climatique comme une «menace assez sérieuse» sont incluses. Les personnes les plus préoccupées par la crise sont les Chiliens, alors que 87 % d’entre eux ont déclaré qu’ils considéraient le changement climatique comme une menace grave.  

À l’autre extrémité se trouve l’Arabie saoudite, le pays qui organise la prochaine COP sur le climat, où seulement 8 % des répondants considèrent le changement climatique comme une «menace très grave».

Les données mondiales montrent également «une très légère association» entre  les pays qui ont un niveau d’émissions de CO2 par habitant élevé et le fait d’être moins susceptible de considérer le changement climatique comme une menace sérieuse.

Les Émirats arabes unis, la Russie, le Kazakhstan et la Mongolie sont par exemple des endroits «qui ont à la fois des niveaux élevés d’émissions de CO2 et de faibles niveaux de préoccupations liées au changement climatique par rapport à leurs pairs dans le même groupe de revenu».

Les auteurs ont classé les pays dans des groupes selon le produit intérieur brut pour analyser les liens entre la quantité d’émissions par habitant et le degré de préoccupation. 

Également, dans tous les pays où la production d’énergie contribue à plus de 50 % de toutes les exportations, moins de 50 % de la population considère le changement climatique comme une «menace très grave», selon le sondage.

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