TÉHÉRAN, Iran — Sous pression, l’Iran admet avoir abattu un avion de ligne ukrainien par erreur, tuant ses 176 occupants, dont 57 citoyens canadiens, peu après son décollage de Téhéran mercredi dernier. Ces informations contredisent une déclaration de Téhéran plus tôt vendredi niant fermement toute responsabilité pour l’écrasement du vol 752, et attribuant la tragédie à un incendie dans le moteur du Boeing 737-800.
Le général de brigade Amir Ali Hajizadeh, commandant de la Force aérospatiale des Gardiens de la révolution islamique, a dit accepter «l’entière responsabilité» de cette erreur dans une allocution à la télévision d’État. Il a indiqué que ses troupes craignaient une riposte des États-Unis et que l’avion a été confondu avec un missile de croisière. Quelques heures plus tôt, deux bases militaires en Irak, où des soldats américains étaient postés, avaient été touchées par des missiles balistiques iraniens.
Auparavant, le président de l’Iran, Hassan Rohani, avait annoncé dans un gazouillis qu’une enquête militaire a conclu que des missiles lancés en raison d’une erreur humaine ont causé l’écrasement horrible du Boeing 737.
«La République islamique de l’Iran regrette profondément cette erreur désastreuse», a déclaré Hassan Rohani dans une publication sur Twitter, tard vendredi. «Mes pensées et mes prières vont à toutes les familles en deuil. J’offre mes sincères condoléances.»
Hassan Rohani a affirmé que les enquêtes se poursuivaient pour «identifier et traduire en justice cette grande tragédie et cette erreur impardonnable».
Une déclaration a aussi été publiée sur le compte Twitter du ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif. «Un triste jour. Conclusions préliminaires de l’enquête interne des forces armées: une erreur humaine dans un contexte de crise causée par l’aventurisme des États-Unis a mené au désastre», peut-on lire sur Twitter.
«Nos profonds regrets, excuses et condoléances à notre peuple, aux familles de toutes les victimes, et aux autres pays touchés.»
Le guide suprême de la Révolution islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, a aussi exprimé ses «profondes condoléances» aux familles des victimes.
Le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, a réagi à ces nouvelles révélations provenant de l’Iran. Dans une déclaration, il affirme que l’enquête sur l’écrasement de l’appareil de la compagnie Ukraine International Airlines doit se poursuivre et que les auteurs de ce crime doivent être traduits devant la justice. Le président ukrainien ajoute que l’Iran devrait compenser financièrement les familles de victimes et réclame aussi des excuses officielles par les voies diplomatiques.
En soirée, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées sur les campus universitaires de Téhéran afin de dénoncer la lenteur avec laquelle les autorités ont reconnu leur responsabilité dans la tragédie. Les manifestants ont demandé que les personnes impliquées dans le tir du missile soient limogées et poursuivies devant la justice. La police a dispersé ces manifestations.
Le Royaume-Uni a accusé samedi l’Iran d’avoir contrevenu au droit international en arrêtant et en détenant son ambassadeur au cours d’une manifestation. Un média iranien a rapporté que Rob Macaire avait été arrêté à l’extérieur d’une université et détenu pendant plus d’une heure avant d’être relâché.