MONTRÉAL — Une équipe de recherche du CHU Sainte-Justine et de l’Université de Montréal a découvert un nouveau mécanisme jouant un rôle dans l’expression du syndrome de Down, l’une des principales causes de retard mental et de malformations cardiaques congénitales chez les enfants.
Le syndrome de Down, ou trisomie 21, est un trouble génétique qui affecte environ une naissance sur 800 au Canada. Une multitude de gènes sont exprimés simultanément à des niveaux anormaux, et il est donc difficile de déterminer quels gènes contribuent aux anomalies.
L’équipe de recherche du professeur Jannic Boehm s’est penchée sur le gène RCAN1 qui est surexprimé dans le cerveau des fœtus atteints. Leurs travaux ont mené à une meilleure compréhension de sa contribution au phénotype de la maladie et à la résolution d’une question qui restait en suspens depuis vingt ans.
Ils ont ainsi déterminé que le RCAN1 régule la calcineurine, une protéine qui est activée dans l’induction de la dépression à long terme, mais inhibée lors du renforcement des synapses et de l’interaction entre les neurones (ce qu’on appelle «la potentialisation à long terme»).
«On a trouvé que le RCAN1 peut agir comme une ‘switch’, a expliqué le professeur Boehm. Il peut activer la calcineurine dans la dépression et inhiber la calcineurine dans la potentialisation. Il fait les deux.»
Le tout concerne la plasticité synaptique, un phénomène biologique qui sous-tend l’apprentissage et la mémoire.
«Ce qu’on a découvert pour la première fois c’est vraiment une régulation de RCAN1 dans les voies qui sont nécessaires pour l’apprentissage, a ajouté le chercheur. Ça permet de mieux comprendre pourquoi les patients ont des problèmes d’apprentissage et de mémoire.»
Le RCAN1 serait potentiellement responsable de la suractivation de la voie de régulation de la dépression à long terme.
À l’aide d’un modèle murin du syndrome de Down, les chercheurs essaieront maintenant de déterminer s’il est possible de changer la régulation de RCAN1.
«Pour nous, les gens de sciences, une molécule de ‘switch’ qui peut faire les deux, c’est vraiment intéressant parce qu’on voit qu’on peut réguler spécifiquement la potentialisation ou la dépression à long terme», a précisé le professeur Boehm.
«Si on trouve (une substance) qui peut changer l’activation de RCAN1 vers la dépression inhibée et la potentialisation plus élevée, à ce moment-là on aura quelque chose qui pourra potentiellement améliorer les déficits intellectuels.»
Les résultats de cette étude sont dévoilés jeudi dans le journal Current Biology.